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«Le béton est contre nature car dans ses phases ultimes, les forces physiques décroissent entraînant les forces morales qui s’émoussent. Dès lors, les joueurs défendant perdent leurs influx nerveux en même temps que leurs automatismes de défense et accumulent les erreurs fatales.» (François Thébaud)

Lors de Côte d’Ivoire-Sénégal (4-2), les «Lions» étaient presque arrivés à la maîtrise de leur affaire dans le chaudron du Stade Houphouet Boigny, face à de coriaces ivoiriens. En une mi-temps entière, la stratégie du coach néophyte qu’est Koto a fait douter l’épouvantail que représentait la bande à Didier Drogba.

A 2-1, à la sortie du premier quart d’heure de la seconde période que les Ivoiriens avaient choisi d’emballer, les «Lions» avaient cru ternir le bon bout. Mais alors qu’on pensait l’accélérateur coupé avec la sortie de Kalou, les «Éléphants» qui venaient de lancer Gradel dans le combat de qui s’intensifiait, verront les «Lions», à partir de par leur banc, leur donner un étonnant coup de pouce.

A dessein ou contraint, le staff technique venait de choisir de s’engluer dans une fausse copie du super béton, avec une défense basse dont les premières conséquences sont, au-delà du gonflement en surnombre, le brouillage des repères qui rendent inopérationnelle la mise en place des automatismes de défense.

La création de surnombre rationnel avec des joueurs d’apport, par rapport à un contre deux de départ pour une supériorité numérique normale, se transforme en télescopages aux postes défensifs. L’espace à occuper se rétrécit dans la zone des trente derniers mètres, les confusions dans les marquages s’enchaînent et les fautes individuelles se multiplient. Les « Lions » ont ainsi commis 22 fautes, dont les deux tiers en zone de défense basse.

Les joueurs défensifs, confinés dans un espace surnombre et terrassés par la débauche d’énergie, n’auront plus de réactions morales positives. Partant, ils vont confondre les réactions mentales déterminantes en réactions négatives qui brouillent les programmations mentales. Ils sont dès lors pris par ce que l’on appelle l’état de confusion psychomotrice.

Si, en plus, l’adversaire pose bien le pied sur le ballon en jouant vite et bien, dans une parfaite variation des angles de jeu, en largeur et avec l’accélération à une touche, l’équipe posée en supra défensive (béton-contre attaque) est débordée le plus normalement du monde. Et plus on avance dans la partie, plus la perte des valeurs morales essentielles s’accentue. L’adversaire réussi aisément ses contre pieds de déséquilibre.

C’est ce qui est arrivé aux «Lions» en seconde période devant la Côte d’Ivoire. Tout le long de la première partie, sauf à la fin du dernier quart d’heure, ils avaient opté pour une attitude défensive qui, à force de ne pas être rationnelle, a été appliquée avec un bloc compact à partir d’une fusion défense centrale-milieu défensif.

Les Ivoiriens étaient poussés à reculer pour chercher à mieux organiser leurs actions offensives dans les deux tiers de terrain leur restant. Après Zokora, Yaya Touré avait déserté le milieu pour essayer de relancer son attaque à partir de position basse. C’est ce desserrement des lignes qui avait facilité le regroupement défensif des «Lions».

La stratégie sénégalaise était toute en intelligence tant que le milieu ivoirien était bas. Mais les pertes de repères de la part de Sadio Mané permettront aux «Eléphants», grâce à leurs valeurs individuelles (Gervinho, Kalou), de revenir à la marque.

En seconde période, ce que l’on craignait se matérialisa, à travers l’inexpérience du banc sénégalais à ce haut niveau de compétition. La cohésion de l’attitude défensive sera cassée pour une recherche de l’individualisation du jeu au poste.

Ceci au moment où les Ivoiriens avaient choisi de pousser leur jeu collectif offensif avec tous leurs atouts. La sortie de Kouyaté bien ancré dans le jeu de poste axial, remplacé par un Mangane très juste sur le plan de la compétition et du rythme, allait entamer ce qui restait de la contenance défensive des «Lions».

Surtout que cette entrée assez malheureuse coïncidait avec le lancement de la vitesse d’exécution globale ivoirienne, orchestrée par la paire Gradel-Gervinho. Les «Lions» vont libérer les espaces vitaux de sortie de zone de préparation, rendant les accélérations adverses plus vives. Les Ivoiriens qui tenaient bien le ballon ne laisseront pas passer l’aubaine. Dés lors les «Lions» allaient sombrer.

Ce phénomène a été observé depuis longtemps par François Thébaud, dans son concept sur «les limites du béton contre attaque».

Il disait : «Si les spéculations du jeu issues du béton peuvent donner l’avantage à la marque par une action de contre attaque, un tel système use les joueurs défensifs au fur et à mesure du déroulement de la partie. Il y perdent leurs influx nerveux après avoir perdu leurs capacités physiques et partant opérationnelles.» Ce concept n’a pas subi l’usure du temps et s’est encore invité dans ce Cote d’Ivoire-Sénégal.

Evidemment la gestion brutale de deux groupes de bons niveaux (olympiques et dits cadres) mais différents peut poser de vrais problèmes de coaching. On en avait peur et cela s’est matérialisé. Une équipe de football de haut niveau ne naît pas spontanément.

Elle doit être la résultante de processus en macro cycles bien respectés dans leurs phases de réalisations. Les seuls discours de bravade ne peuvent combler les vides que laissent l’insuffisance de l’observation de telles règles.

Abidjan a donné les premières réponses à nos questionnements. Dakar, dans un mois devra apporter les vraies réelles solutions. Car, à l’analyse globale de la rencontre de ce niveau, on est maintenant en droit de croire à un vrai renouveau de notre football d’équipe nationale.

Mais nous devons d’abord admettre que les débats autour des conceptions dynamiques de jeu existent encore et qu’il faut bien avoir les expériences pour les comprendre et les surmonter. Pour cela, espérons que notre banc grandisse vite.

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