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On l’avait perdu de vue, on l’a retrouvé. Lamine Diarra, demi-finaliste de la Ligue des champions avec la Jeanne d’Arc de Dakar en 2004, titille le ballon sur les terrains turcs. Depuis maintenant quatre ans. Cette saison, il a plus couru après son salaire que derrière un ballon de foot. Vêtu d’un pantalon jean, tee-shirt blanc sous une veste noire, il pose sur ses 32 ans pour raconter son calvaire. Avec beaucoup de pudeur.

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«La première destination qu’on m’avait proposée au Sénégal, c’était la Turquie. Mais cela ne s’était pas fait. Mon rêve, c’était la France, j’ai atterri en Bosnie (à Hsk Mostar en 2005-2007). Par la suite, je suis allé au Portugal, j’ai passé six mois à Beira Mar (2007), avant de rejoindre (en 2007-2012) le Partizan Belgrade (Serbie) pour une durée de trois ans. Je suis retourné là-bas après un bref passage à Dubaï (un an prêt à Al Shabab). J’ai fait tout ce parcours avant d’arriver en Turquie en 2012. A l’époque, je vivais des moments difficiles à Belgrade et étais à la recherche d’un point de chute. C’est ainsi que mon manager m’a proposé la Turquie, j’ai sauté sur l’occasion. Sans hésiter. Au début, tout marchait comme sur des roulettes. J’étais adoré par l’entraîneur et adulé par le public. J’étais épanoui, sur le terrain comme en dehors.

Je découvrais un championnat tactiquement moins intéressant, mais physiquement assez relevé. A part le trio de tête, toutes les autres équipes bataillent pour ne pas être reléguées en deuxième division. Elles n’ont pas suffisamment de moyens pour rivaliser avec Galatasaray, Besiktas et Fenerbahce. Ces clubs ont une avance considérable par rapport aux autres, sur tous les plans : financier et organisationnel surtout.

Ici, on ne bâtit pas un club sur un projet. Ils veulent des résultats dans l’immédiat. Ils sont capables de débourser beaucoup d’argent pour faire signer un joueur et le mettre à la porte au bout de six mois si les résultats ne suivent pas. Joueur comme entraîneur, personne n’a une garantie en Turquie. Ils peuvent faire venir Mourinho et le licencier au bout de trois matches. Les présidents ne sont pas des enfants de chœur. Si le joueur n’est pas performant, ils coupent le robinet. Parfois, on vous fait chanter : on vous ouvre les portes pour un départ et vous mettez une croix sur vos arriérés de salaire. Cette année, j’étais confronté à ce problème : on me faisait chanter. Pour la première fois depuis quatre ans. Parce que tout simplement je ne jouais pas (Antalya l’a prêté). Les choix de l’entraîneur, ce n’est pas leur problème. Le joueur peut avoir aidé le club pendant des années. Ca ne change rien. Quand on est descendu en deuxième vision, j’avais fait le pari de rester pour aider le club à se relever. Cela a été une réussite. J’ai fait la même chose une deuxième fois. Aujourd’hui, c’est comme si je n’avais rien fait pour ce club. On me poussait à la porte sans vouloir me payer mes arrières de salaire.

Cela ne m’inquiète pas outre mesure, j’ai de l’expérience et je sais par quelle voie passer. Mais pour un jeune qui vient d’arriver, il lui sera difficile de se remettre d’une telle situation. Le footballeur qui a déjà un nom a beaucoup plus de chance que le jeune qui cherche à se lancer. Ils ont plus de respect pour les talents confirmés. La considération qu’ils ont pour le joueur dépend de ses prestations sur le terrain. Il faut rester performant pour faire durer le bonheur. Les moyens ne manquent pas. Il faut l’avouer, les Turcs ne sont pas méchants et ont des moyens énormes. C’est une bonne destination.»

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