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Le quart de finale de Coupe de France entre l’AS Saint-Etienne et le Paris Saint-Germain, demain mercredi, pourrait offrir un nouveau duel musclé entre Moustapha Sall et Zlatan Ibrahimovic. De l’île de Gorée, ses duels avec la star suédoise, zoom sur le parcours du défenseur sénégalais, par Franck Talluto.

Moustapha Sall, c’est d’abord un physique. Imposant. 97 kg de muscles pour 1,93 m, de quoi causer des cauchemars aux attaquants qui s’apprêtent à  défier le défenseur de l’AS Saint-Etienne.

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Moustapha Sall, c’est aussi et surtout une histoire. Un parcours plus complexe qu’il n’y parait – à  30 ans, le Sénégalais dispute sa dixième saison sous le maillot vert.

Si tout commence à  Dakar le 30 novembre 1985, la famille vit sur l’île de Gorée, où le père tient une boutique dont le jeune Moustapha a la responsabilité pendant les vacances scolaires. Il se fait un peu d’argent en jouant les guides pour les touristes venus découvrir ce site classé au patrimoine mondial par l’Unesco, qui le présente comme «le plus grand centre de commerce d’esclaves de la côte africaine du XVe au XIXe siècle».

Testé par l’OM

Parmi ses distractions figure le jeu de la pièce : les enfants invitent les passagers de la chaloupe reliant Dakar à  Gorée à  lancer de la monnaie à  l’eau et plongent pour tenter de la récupérer. Et puis il y a le football. Omniprésent, déjà , au quotidien. Aux petits matches avec les copains succèdent les débuts en seconde division, adolescent, sous les couleurs de l’US Gorée. En 2006, celui qui évolue à  l’époque au poste de milieu de terrain part tenter sa chance en Europe. Après plusieurs essais, notamment à  l’Olympique de Marseille, c’est finalement à  Saint-Etienne qu’il s’installe.

Si les deux parties sont toujours liées dix ans après, leur union n’est pas un long fleuve tranquille. Premier pépin en 2008. Dans la foulée d’une saison réussie, qui le voit s’imposer en défense centrale et le club se qualifier pour sa première compétition européenne depuis 26 ans, Moustapha Sall est rattrapé par la patrouille : six mois de suspension ferme pour avoir signé chez les Verts après s’être déjà  engagé en faveur des Norvégiens d’IK Start – sans le comprendre, se défend-il alors, évoquant des documents en anglais. La dernière épreuve en date ? La présence de son nom sur la “liste noire” – les éléments dont le club stéphanois aurait souhaités se débarrasser cet hiver – publiée en janvier par L’Equipe. Lui a préféré en sourire : «J’ai déjà  entendu des choses plus horribles et, pour être honnête, cela m’a fait rire car je venais d’avoir une discussion avec mon président qui s’était très bien passée. Et puis, tous les joueurs cités sont des titulaires… C’était juste pour nous déstabiliser, faire le buzz.»

«Il a un physique qui en impose naturellement», Jessy Moulin.

«“Mouss” connaît le football et a toujours su gérer ses problèmes sereinement. Discret mais très sociable, il a un physique qui en impose naturellement, n’a pas besoin de faire beaucoup de bruit pour qu’on l’écoute», observe Jessy Moulin, deuxième gardien des Verts qui le côtoie depuis une décennie. «C’est un partenaire apprécié et respecté, ce qui est très important dans un vestiaire, disait récemment son entraîneur, Christophe Galtier. Je travaille avec lui depuis sept ans. Il y a eu des hauts et des bas, mais il a su être à  nouveau compétitif.» S’il en a fait son capitaine en l’absence de Loïc Perrin, blessé, les relations entre les deux hommes n’ont effectivement pas toujours été au beau fixe. Il y a trois ans, le défenseur avait ainsi accusé le coup d’être remplaçant en finale de la Coupe de la Ligue après avoir disputé les tours précédents.

Les concessions du «Lofteur»

Ce n’est rien par rapport à  la période 2011-2012, digne d’un scénario. Le point de départ ? Quelques membres du groupe professionnel, dont le défenseur, sont mis à  l’écart dans ce que les journalistes appellent le loft. Prêté à  Nancy au mercato d’hiver, Moustapha Sall règle alors ses comptes. Un retour à  Saint-Etienne ? «C’est impossible, lance-t-il à  L’Est Républicain. Ou alors il faudrait qu’un autre entraîneur arrive.» Le Sénégalais reprend pourtant bel et bien le chemin de la Loire. Surprise, lui et Christophe Galtier enterrent la hache de guerre au prix d’un effort que peu de joueurs auraient accepté : lisser sur trois ans le montant de sa dernière année de contrat afin d’entrer dans le cadre du salary cap mis en place par ses dirigeants.

Le respect d’Ibrahimovic

Sa réhabilitation est en marche. En novembre 2012, pour sa première titularisation sous le maillot vert en L1 depuis un an et demi, Moustapha Sall se retrouve au marquage de Zlatan Ibrahimovic et son équipe fait chuter le Paris Saint-Germain au Parc des Princes (1-2).

Depuis, le géant vert est redevenu un élément clé de son équipe et s’est même découvert des talents de buteur récemment. Ce mercredi soir, en quarts de finale de Coupe de France, il pourrait à  nouveau croiser la route du colosse suédois. Virils, leurs duels valent le coup d’œil. Et si le Stéphanois avait raconté à  L’Equipe il y a deux ans avoir répondu aux insultes en anglais du Parisien par un «I f*** you toi aussi», cela n’empêche pas les deux hommes de se respecter. Le 31 janvier, ils avaient ainsi quitté la pelouse de Geoffroy-Guichard bras dessus bras dessous.

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