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Fraîchement élu par consensus à la tête de la Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp), Saër Seck dévoile ses ambitions. Dans ce dernier volet de l’entretien accordé au Soleil, il indique la voie à suivre pour faire décoller le football national.

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Vous parlez de développement alors que d’aucuns restent pessimistes quant à la résolution des problèmes du professionnalisme que, selon eux, rien ne différencie de l’amateurisme. Est-ce votre perception ? 
« Honnêtement, si j’étais pessimiste je ne serais pas candidat. Je suis de nature optimiste, mais au-delà de ma nature, je pense qu’il y a effectivement un travail à faire. Et après, il faut évaluer. On ne peut pas être des citoyens de ce pays, avoir tout dans ce pays et savoir qu’on va y vivre et mourir, n’avoir aucune intention de la quitter et tout attendre de l’Etat. Je pense que les enfants de ce pays doivent prendre un certain nombre d’initiatives et prendre la responsabilité de développer certains secteurs. Maintenant, de manière accessoire, l’Etat peut venir en soutien parce que ce sont des gens qui le méritent. Il y a quatre ans qu’on joue, qu’on a un championnat régulier, même si ce n’est pas dans les formules classiques. Il y a aussi des problèmes en ce qui concerne les dates et le calendrier des programmations. Mais, malgré tout, depuis quatre ans, nous avons un championnat et un champion régulièrement consacrés, une Coupe de la Ligue et une Coupe du Sénégal qui sont allées à leur terme. Plus de mille emplois ont été créés, dont les sept cents ou les huit cents sont régulièrement rémunérés. Nous avons eu des arbitres qui ont participé à des compétitions africaines et officié en finales de Coupe d’Afrique. Nous avons une équipe nationale olympique à base de joueurs formés localement qui a fait des résultats corrects. Nous avons des équipes nationales Cadets et des Juniors qui commencent à avoir des résultats. Nous avons gagné le tournoi de l’Uemoa. Si après tout cela, on dit que c’est pareil que quand on était amateur, c’est qu’on est résolument pessimiste et qu’on a envie de couvrir de noir tous les tableaux qui vous sont présentés. Et là, il n’y a rien à faire. »

Ces craintes ne sont-elles pas légitimes si on sait que les clubs ne respectent toujours pas le cahier des charges ?
« Je pense qu’il y a eu une volonté des dirigeants de la Ligue de respecter la volonté et l’engagement des dirigeants de clubs. Il est extrêmement difficile pour un dirigeant de puiser dans ses réserves, de puiser dans les poches d’amis ou d’administrateur pendant deux ou trois ans pour essayer de faire du professionnalisme et que, de manière tout à fait légère et presque triviale, on puisse lui taper le dos en lui disant : « Cher ami, tu as essayé, tu n’y arrives pas, il faut que tu arrêtes ». Je pense que ce serait assez cavalier et pas suffisamment respectueux. Je pense qu’il faut donner la chance à ce professionnalisme et à ceux qui veulent en faire partie. Et c’est la raison pour laquelle les dirigeants n’ont pas été dans une démarche « malthusianiste » où on coupe la tête à tous ceux qui ne répondent pas au cahier des charges. Mais, en même temps, on ne peut pas continuer à ne pas respecter le cahier des charges. Cela fait maintenant quatre saisons, et l’une des préoccupations de la Ligue est de se mettre à table et de se dire les choses en face. Déjà cette année, quatre équipes vont descendre et deux monter. Donc, on va passer à quatorze équipes en L1 et en L2. La deuxième chose est qu’il va falloir qu’on s’installe avec un rythme et des exigences dans la professionnalisation de notre football. Paris ne s’est pas faite en un jour, le football professionnel au Sénégal ne se fera pas non plus en un seul jour. Cela dit, si on n’en prend pas le chemin, on n’y arrivera jamais. Il ne faut pas se leurrer, il y en a qui vont descendre, mais d’autres vont monter ou remonter. Mais, il faut qu’on se demande « dans quatre ans, à quoi a-t-on envie que ressemble le football professionnel au Sénégal ? ». En ce moment, on se mettra les critères. On définira les délais dans lesquels ces critères devront être remplis en dehors du cahier des charges qu’il faudra respecter. Et nous mettrons en place une commission indépendante et autonome avec des personnalités indépendantes de l’ensemble des différents clubs de manière à effectuer ce travail et en rendre compte au bureau qui rendra compte au Conseil d’administration donc à l’Assemblée générale. Maintenant, il y a toute une panoplie de mesures d’accompagnement pour aider les clubs à aller vers ces critères. C’est aussi la responsabilité de la Ligue d’être assez proche des dirigeants et des clubs. Il y a aussi une panoplie de sanctions qu’on sera obligé de mettre en application. »

Parlez-nous un peu de vos priorités…
« Elles sont nombreuses. La première, c’est de donner de la régularité à notre championnat, de le démarrer et de le finir à temps. Que les dates soient fixées, que nous ayons zéro déprogrammation et reprogrammation. Nous avons décidé de jouer en Ligue 1 en poule unique et en deux poules en L 2. Notre premier chantier est qu’on ait, dans les années à venir, des dates fixes, un calendrier établi bien à l’avance de manière à ce que tout le monde puisse prendre les dispositions nécessaires. Qu’on joue un championnat, c’est-à-dire que tout le monde rencontre tout le monde, que ce soit en L1 comme en L2. La deuxième chose est qu’il faut rendre notre administration autonome, efficace, la moderniser et surtout la rendre neutre, qu’elle soit équidistante de tous les clubs. Que Saër Seck, président de Diambars, ne puisse pas manipuler le calendrier à sa guise. Qu’il ne puisse pas faire des programmations et reprogrammations et être informé quatre jours avant le club qu’il va rencontrer. Que Saër Seck ne puisse pas recevoir les feuilles de match sur lesquelles il y a trois de ses joueurs qui sont expulsés et qu’il les garde dans ses tiroirs pour que la Commission de discipline ne puisse pas les sanctionner, etc. Il faut qu’on ait une administration avec des services qui fonctionnent et qui sont à la disposition de la Ligue et des clubs, du lundi au dimanche, avec des gens qui se lèvent le matin en sachant que c’est cela leur travail. Le troisième chantier est celui du toilettage et de la mise en forme définitive de nos textes. On se rend compte à l’usage qu’il y a un certain nombre d’imprécisions. Certains domaines ne sont pas couverts, ou il y a parfois un petit hiatus entre nos dispositions et celles de la fédération, voire même celles de la Fifa, parce qu’aujourd’hui, les statuts sont standards. Après, il s’agira de rendre notre jeu attrayant, d’en faire un spectacle. Ce qui veut dire en extirper toute forme de violence. C’est un gros chantier. Je m’honore qu’il n’y ait eu aucun débordement lors du dernier match qui a vu le Casa remporter le championnat devant Diambars et qui revient ensuite dîner avec l’équipe de Diambars et tous les dirigeants ensemble et leur coupe qu’on aurait aimé gagner. Mais, c’est cela le football. Comme je le dis, notre jeu est beau, il est fort, il est populaire, il nous appartient de le rendre vainqueur. Ce qui ne sera possible que quand, tous ensemble, on ira dans la même direction. »

Comment appréhendez-vous l’avenir du football professionnel sénégalais ?
« Ma vision est qu’on puisse, au bout de quatre ans, être sortis des contingences dans lesquelles nous sommes aujourd’hui. Qu’on puisse sortir des interrogations sur le calendrier, sur les dates d’ouverture et de fin de saison, sur les capacités à payer les arbitres et à éviter les grèves, sur les contentieux sur l’issue des matches, sur des comportements violents, sur le zéro recette en télévision, sur l’absence de visibilité de nos compétitions, etc. Qu’on ait des joueurs compétitifs parce qu’ayant entre 30 et 40 matches dans les jambes et que demain, ces clubs puissent avoir des bases assainies qui leur permettent de se doter d’actifs et que le Sénégal puisse, enfin, avoir des prétentions de pouvoir gagner des Championnats d’Afrique des nations, que nos clubs se qualifient au moins en phase de poule des compétitions de la Caf et que, peut-être, de l’année quatre à huit, nous puissions être des prétendants et ramener quelque chose au Sénégal. »

 

Source: Rewmi

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