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L’ancien milieu de terrain international sénégalais et actuel joueur de la Reggina en Serie B, Ricardo Faty (34 ans), a retracé toute sa carrière dans un long entretien donné à Actufoot. Il reparle notamment de l’Equipe Nationale sénégalaise, qu’il a connu avec ses six sélections.

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Après avoir été formé à Strasbourg, vous êtes passé par l’AS Rome, l’AC Ajaccio ou encore le Standard de Liège. Aujourd’hui vous jouez en Série B à la Reggina, quel regard portez-vous sur votre carrière ?

J’ai beaucoup de fierté sur ce que j’ai accompli parce que ça fait 15 ans que ma carrière a débuté. Après, bien sûr, il y a des choses que j’aurais pu mieux faire. Lorsque j’étais jeune, j’étais comme un espoir du football français, il y avait beaucoup d’attente autour de moi. Il y a eu des étapes charnières que je n’ai pas su bien gérer comme l’époque de Nantes ou de la Roma. Il y a plusieurs facteurs qui ont fait que je n’ai pas réussi ces étapes cruciales. Dans ma jeunesse, j’ai manqué de personnalité, j’étais un peu trop respectueux des plus grands. Que ça soit à Nantes ou à Rome, j’aurais dû parfois prendre les rênes et mes responsabilités, je n’ai pas su prendre le flambeau quand on me l’a passé. Cependant, je n’ai pas de regrets, d’amertume, je me dis que c’est la carrière que j’ai méritée. À 34 ans, j’ai encore la chance de pouvoir jouer au football et je me sens toujours frais pour continuer.

À Strasbourg, vous faites vos premiers pas dans le monde professionnel en 2004. Comment cela s’est passé pour vous ?

Ça s’est très bien déroulé. J’ai franchi les étapes de manière régulière et progressive. J’ai commencé à l’âge de 16 ans avec le brassard ensuite j’ai accédé aux 18 ans puis avec la CFA. Après je suis monté naturellement avec les pros. J’ai gravi les échelons normalement et non prématurément. Là-bas, j’ai bien progressé car c’est un très bon centre de formation coté et réputé.

En 2006, vous rejoignez le club historique de l’AS Rome en y signant votre premier contrat professionnel. Comment expliquez-vous le fait que vous n’y êtes pas parvenu à Strasbourg ?

J’arrivais à un moment de la saison où le club faisait signer des contrats professionnels aux jeunes comme Kévin Gameiro ou Habib Bellaïd. Avec moi, ça prenait un peu plus de temps car il y avait du monde au milieu de terrain. Mon cas a trainé, ça n’avançait pas et je sentais que je n’étais pas une priorité. En parallèle, l’AS Rome était intéressée pour me récupérer parce qu’on les avait affrontés durant la saison. J’avais envie de découvrir ce club et j’ai fait part à Strasbourg du fait que je ne voulais pas signer avec eux en tant que professionnel. Ça a vraiment été compliqué parce que j’avais vraiment envie de continuer avec mon club formateur mais j’étais déçu par ce petit manque de considération à mon égard.

Totti, De Rossi, Pizarro ça fait rêver ?

Oui, c’est clair. Le fait de retrouver de grands joueurs, c’est stimulant, on a envie de se retrouver avec eux au quotidien. Au début, c’était un peu intimidant mais j’avais envie de me frotter à ce genre de joueur.

A 20 ans, vous rejoignez un club historique, qu’est-ce qui a motivé votre choix ?

Avant de signer, j’avais reçu quelques offres d’Angleterre notamment Arsenal et Manchester United. Mais ils se sont manifestés sur le tard, j’avais déjà donné mon accord à Rome et surtout, j’avais vraiment envie de découvrir l’atmosphère du championnat italien et de jouer pour un club que je supporte. Beaucoup à l’époque pensaient que c’était un choix financier mais pas du tout, c’était vraiment un choix sportif. J’avais discuté avec le coach, il m’avait expliqué qu’il me désirait vraiment. J’avais cette envie de progresser et de découvrir cet univers-là.

Là-bas, vous avez connu la Ligue des champions

C’est une grande émotion. Jouer enfin ces matchs que l’on regarde depuis tout petit, c’est une fierté pour mes proches et moi. D’autant plus que j’avais joué quelques matchs comme titulaire et qu’on avait fait une belle campagne en se faisant éliminer en quart de finale contre Manchester. On joue au football pour jouer ce genre de match. Malheureusement, je n’en ai pas joué beaucoup mais j’ai eu la chance d’en connaitre les joies.

Après un passage compliqué au Bayer Leverkusen, vous partez en prêt du côté du FC Nantes. Pouvez-vous nous parler de cette période ?

Avec le FC Nantes, j’ai un sentiment un peu ambivalent. J’étais content car j’ai accumulé un certain nombre de matchs et beaucoup d’expérience. Lorsque je suis arrivé en janvier, le club était en Ligue 2 et on avait une bonne équipe donc on est monté facilement en Ligue 1. Malheureusement, l’année en Ligue 1 s’est mal passée pour plusieurs raisons, l’effectif était mal géré avec des soucis en interne. Il y a eu toute une alchimie qui a fait qu’on n’a pas fait la saison qu’il fallait, moi y compris. Avec le recul, je vois que j’étais très attendu et que j’étais considéré comme un cadre malgré mon jeune âge et je n’ai pas su assumer ce statut. Ce qui a fait que mes performances n’ont pas été très bonnes et qu’on n’a pas réussi à se maintenir. Si j’avais réussi ma saison, je pense que ma carrière aurait pu prendre une autre tournure. Je ne dirais pas que j’ai des regrets, c’est plus une déception parce que je ne me donnais tous les moyens pour réussir et être performant.

En juillet 2012, vous signez pour le club corse de l’AC Ajaccio, comment s’est passée votre adaptation ?

Très bien. Il y a beaucoup d’aprioris, de préjugés par rapport à la Corse mais sincèrement, j’ai fait deux saisons magnifiques. Ma seconde fille est née là-bas et j’ai pas mal d’amis originaires de la Corse. Ce qui est dommage, c’est que j’ai eu une blessure au tendon d’Achille qui a freiné ma progression. Globalement, je ne tire que du positif de mon passage à Ajaccio et j’ai vécu une belle expérience.

Le 2 mars 2013, vous affrontez, dans le derby Corse, votre grand frère Jacques qui joue au SC Bastia. Un match particulier ?

J’étais très content de l’affronter pour ce derby et ce n’est pas n’importe quel derby. Ça faisait bizarre, c’était la deuxième fois qu’on s’affrontait (la première était un match opposant Sochaux contre Nantes) et c’était une grande émotion. Nos parents étaient fiers de voir ça et c’est un joli clin d’œil qu’on pourra raconter à nos enfants plus tard.

Vous avez joué dans trois championnats majeurs (Bundesliga, Ligue 1 et Serie A, ndlr), lequel appréciez-vous le plus ? Quelles différences avez-vous remarqué entre ces championnats ?

J’ai toujours été fan de la Série A et j’ai énormément apprécié l’approche des matchs, avec l’aspect tactique et l’apprentissage du football. Il y a une connaissance du football technicotactique qui rend les matchs et les entrainements intéressants. C’est vraiment cela qui m’a fasciné en Italie. La culture footballistique du pays fait qu’on sent plus le football en Italie qu’en France ou en Allemagne. On vit beaucoup plus le football qu’en France en tout cas.

En août 2015, vous débarquez en Turquie. Vous connaissez deux clubs là-bas (Bursaspor et MKE Ankaragücü). La Süper Lig est un championnat qui attire un certain nombre de bons joueurs. Comment décrirez-vous le championnat Turc ?

La Süper Lig est un championnat vraiment intéressant. Il n’est pas très exigeant tactiquement mais sinon, c’est un championnat plaisant à voir avec beaucoup de joueurs venant de tous horizons très techniques et très athlétiques. Malheureusement, il n’est pas trop homogène car il y a les grosses équipes et les équipes plus faibles mais on peut trouver des clubs qui font du bon travail sur les dernières années comme Istanbul Basaksehir. C’est un championnat assez folklorique avec les supporters. Bursaspor par exemple est dans le top 5 des grosses ambiances avec une base de supporters incroyable, c’est un club vraiment populaire ici.

Quelle importance a le foot en Turquie ?

La Turquie est un pays qui respire football. Chaque foyer a son club et même ceux qui ne suivent pas forcément le foot supportent un club. Le football est vraiment suivi par tout le monde. Ça a vraiment été un plaisir de jouer là-bas.

Dans votre carrière, vous avez fait 6 sélections avec les Lions de la Terranga. Représenter le Sénégal était-il un objectif ?

En grandissant en tant que binational, on se pose toujours des questions sur son identité, sur comment aider son pays d’origine quelle que soit la manière. À partir de ce moment-là, je n’ai pas hésité. J’ai choisi la sélection relativement jeune, j’avais 24 voire 25 ans. J’aurais pu attendre et espérer une sélection avec les A mais j’avais vraiment envie de connaitre mon pays d’origine et de renouer avec mes racines. Pas la suite, représenter le Sénégal était une évidence, de plus il y avait mon grand frère qui était déjà sélectionné avant moi. En tout cas, ça n’a jamais été un choix par défaut mais pas pure envie. Je me sens les deux (Français et Sénégalais) pleinement.

Vous avez joué à Brétigny plus jeune, quel regard portez-vous sur l’évolution du club ?

Je suis toujours le club de loin car j’ai un très bon ami a moi qui joue en sénior. A ma connaissance, Brétigny a toujours été une grosse équipe amateur d’Ile-De-France avec un bon vivier de jeunes joueurs. Je suis fier d’avoir porté les couleurs du club pour deux saisons. Brétigny représente très bien l’Essonne, et les joueurs qui ont été formés là-bas essayent de donner une bonne image du club en étant performants avec les pros. Dans le futur, j’aimerais m’investir avec le club pour essayer de les aider via des matchs de bienfaisance ou de venir voir les jeunes pour les sensibiliser avec mon association « Génération 86 ».

Suivez-vous le football amateur ?

Oui, je suis beaucoup. J’essaye de suivre les résultats, de voir les images de national, national 2 parce que j’ai des amis qui y jouent. Parfois, on me dit pour rigoler que je suis fou de suivre ces championnats alors que j’ai ma vie et que j’ai 4 enfants mais je suis un mordu de football.

Quel regard portez-vous dessus ?

Je porte le même regarde depuis petit. J’aime bien regarder un football assez brut, assez imparfait avec des erreurs. Je prends du plaisir à remarquer ce que les joueurs font de bien et de moins bien. Généralement, lorsque je regarde le football amateur c’est pour voir des amis ou de la famille jouer et je suis vraiment dans la peau d’un supporter. Le football amateur est un endroit de football plaisir et c’est pour ça que j’aime bien le suivre. Par exemple, le lundi soir sur Canal+, il y a souvent des matchs de national et c’est un plaisir de tomber sur le Red Star ou Bastia.

Actuellement avec la Reggina vous êtes 12ème au classement en Serie B, quels sont vos objectifs pour cette saison ?

Notre objectif en début de saison était d’attraper les plays offs qui se jouent jusqu’à la 8ème place pour espérer une montée en Série A. Après, on a eu un gros passage à vide, en automne, avec beaucoup de défaites, ce qui a causé le licenciement de notre coach car on était relégable. Heureusement, on s’est rattrapé, on commence à être sur une bonne série et à remonter la pente. Ça fait pas mal de saisons que le club n’était pas en Série B donc le plus important est de se maintenir et si on peut obtenir une 8ème place ça serait une bonne chose.

Vous avez 34 ans, actuellement, quels sont vos projets pour la suite ?

Sincèrement, je n’en ai aucune idée. Je sais que je resterai dans le football mais pour quoi faire, je ne sais pas encore parce que je suis vraiment focalisé sur ma carrière. J’ai 34 ans mais je me sens vraiment bien, frais. Tout dépendra aussi des opportunités qui s’ouvriront à la fin de ma carrière, ça peut être dans les médias, le management, le coaching.

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