Publicité

Instaurée en 2009, la Ligue 1 du championnat de football professionnel voit chaque année un nouveau club remporter le titre : neuf champions différents en neuf saisons consécutives. Une absence de suprématie totale qui interpelle la Ligue Pro et tous les acteurs du foot local. Une situation d’autant plus inédite que les nouveaux promus, tel que constaté pour ces trois dernières saisons, parviennent à se hisser à la plus haute marche du podium alors qu’en même temps des champions en titre se battent pour éviter la relégation, y tombant même dans deux sur les trois cas (Pikine et Gorée, Douanes sauvée in extremis). Regard croisé sur un phénomène vu nulle part ailleurs.

Publicité

Un promu leader pour une troisième année consécutive et un champion en titre relégué au palier inférieur au terme de la saison. La Ligue 1 de football professionnelle bat tous les records en termes de prévision. Pour cette saison 2017, l’académie Génération foot (Gf) a remporté le titre de champion pour son baptême du feu en Ligue 1. Loin d’un cas isolé cependant, cette consécration vient conforter une tendance de promu-champion constatée depuis trois saisons et dont la récurrence mérite réflexion.

Douanes, Gorée, Pikine…

Avant Génération foot cette saison, les promus en Ligue 1, As Douanes et Us Gorée ont respectivement remporté le championnat en 2015 et 2016. Les équipes en provenance de la Ligue 2 ont envie de prouver. Et dans cette volonté, ils se rendent très vite compte qu’il n’y a pas une grande différence entre les deux divisions et prennent assez vite grande assurance.

S’aidant de l’effet surprise et d’une ossature gardée intacte, ces équipes fraîchement promues prennent très tôt leurs marques en surfant sur la dynamique de l’euphorie créée par la montée. C’est ce que pense Mamadou Gaye, ancien footballeur reconverti entraîneur. «La stabilité est inexistante chez les clubs de la Ligue 1. Chaque année, les équipes perdent une part importante de leur effectif ; en moyenne 4 à 6 joueurs et parfois même ce sont les meilleurs qui partent», a-t-il regretté, mettant ce facteur en avant pour expliquer les mauvais résultats des champions en titre. «Dans tous les championnats du monde, on peut dès l’entame prévoir les prétendants au titre ainsi que les équipes qui vont se battre pour le maintien. Même dans les pays de la sous-région, comme la Guinée ou le Mali, c’est cette logique qui prévaut. Le championnat sénégalais est le seul où l’imprévu et l’impensable sont la règle», a noté Assane Ndoye, un passionné du football vivant à Rufisque. «Un bon sujet pour le pari sportif.» C’est ainsi qu’il voit alors le championnat sénégalais fortement coloré de surprises. Avec 14 équipes, il est en effet marqué par des résultats incroyables et irréalistes ; les pronostics sont simplement interdits. Autant des promus parviennent à remporter le titre de champion dès le premier exercice autant les champions en titre sont bousculés vers le palier inférieur la saison suivante.

L’As Pikine, auteur du doublé (Coupe nationale-Championnat) lors de la saison 2014, a été reléguée en Ligue 2 l’année suivante. Et pour cette saison 2017, l’Us Gorée, championne en titre, a terminé bon dernier se voyant ainsi rétrogradée. Championne en 2015, l’As Douanes a, quant à elle, été sauvée in extremis de la relégation en 2016 grâce à un meilleur goal-average sur le premier relégable, Suneor, avec qui il comptabilisait le même nombre de points (30).

Départ meilleurs joueurs, mauvaise planification

Départ des meilleurs joueurs et mauvaise planification pour jouer sur deux fronts seraient les facteurs de cette dégringolade des champions en titre. Mamadou Gaye note en plus le découragement consécutif à l’élimination au 1er tour des éliminations pour la Coupe d’Afrique comme facteur déclenchant la chute libre des champions en titre. «Toutes ces équipes ont comme objectif de dépasser le 1er tour de la phase des éliminatoires qui fuit les clubs sénégalais depuis des années», a fait remarquer M. Gaye.

Ces éliminations prématurées ne sont que la résultante d’un manque de niveau des clubs sénégalais qui peinent à rivaliser avec les clubs des autres pays. A l’échelle continentale, une finale perdue en 1998 en Coupe de la Caf pour la Jeanne d’Arc et une demi-finale du Jaraaf de Dakar en Coupe des clubs champion en 1983 sont les meilleures performances sénégalaises en compétitions africaines.

«Nous avons joué pendant cinq à six années ensemble. C’était une équipe d’une très grande homogénéité, formée d’un mix entre juniors très tôt responsabilisés et aînés trouvés sur place», s’est souvenu Mamadou Gaye, pensionnaire de cette équipe du Jaraaf de 1983, et convaincu que l’absence de stabilité dans les clubs est pour beaucoup dans le niveau actuel du football local.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici