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Sociétaire d’Al Ittihad Kalba, à Doubaï, Pape Waïgo Ndiaye sort de son silence pour donner son point de vue sur la vie de la Tanière qu’il a fréquentée de 2006 à 2008. Pour l’ancien joueur de la Fiorentina, l’équipe du Sénégal est instable avec des joueurs qui manquent de maturité et d’expérience.

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Waïgo, ça fait un bon moment qu’on n’a pas eu de vos nouvelles…

Je suis là, toujours footballeur professionnel. Je suis sociétaire de Doubaï Kalba, un club de deuxième division du championnat émirati. Je suis le capitaine de l’équipe. J’y suis depuis un an et demi. L’année dernière, on était en première division. Quand on est descendu, je suis resté dans le club pour l’aider à retrouver l’élite.

Où est-ce que vous étiez avant d’arriver à doubaï Kalba ?

J’étais à Al Wahba, au bout d’une saison, je me suis engagé dans un club saoudien. Pendant un an et demi je suis resté là-bas avant de revenir aux Émirats Arabes Unis.

On a l’impression que vous vous plaisez beaucoup dans le Golfe…

Après presqu’une douzaine d’années passées en Europe, il était opportun pour moi d’aller découvrir quelque chose ailleurs. Sportivement, je dois faire face à d’autres challenges. Et bizarrement, je me rends compte que les championnats du Golfe sont plus difficiles que ceux d’Europe.

Vous avez alors privilégié l’aspect financier ?

Vous savez, on ne peut pas suivre que l’aspect financier dans les pays exotiques. Tout footballeur doit mettre en avant l’aspect sportif avant de parler des finances. C’est vrai que dans le Golfe l’aspect financier est important, mais si, en tant que footballeur, on ne justifie pas sur le terrain tous les avantages qu’on peut avoir, on peut se retrouver assez vite au chômage. Ici, c’est très difficile de changer de club si on est un joueur moyen. Il faut être toujours au top pour faire l’unanimité. Il faut prouver qu’on a faim sur le terrain sinon, au bout de quelques mois, on peut se retrouver sans contrat.

Quel objectif vous-êtes vous fixé ?

Mon objectif est de poursuivre ma carrière comme je suis en train de le faire tranquillement. Depuis que j’ai débuté ma carrière, je garde toujours mon poids (74 kg). J’ai plus d’expérience et de maturité. J’aimerais vraiment terminer ma carrière en beauté. à 32 ans, j’ai tout fait dans le football. Le mental, le moral et l’envie sont là. Je peux toujours continuer à jouer parce que sur le plan physique, je tiens.

Depuis que vous avez quitté la tanière en 2008, on n’a plus de vos nouvelles ?

Je suis très bien l’équipe nationale. Non seulement, ce sont nos cadets qui y sont, mais je la suis en tant que footballeur, en tant que Sénégalais. Je connais très bien la vie de cette équipe pour l’avoir fréquentée des années. Pour être franc, je continue de rêver d’un retour en équipe nationale, même si je sais qu’il y a peu de chances.

Qu’est-ce qui explique l’échec de votre génération qui a été sortie par la Gambie lors des éliminatoires combinées caN-Mondial 2010 ?

On a été victime de l’impatience des Sénégalais. Cela nous joué des tours. Pourtant, la Côte d’Ivoire a été très patiente. D’ailleurs, c’est ce qui fait qu’elle a gagné une Coupe d’Afrique des Nations en 2015 après celle de 1992. Malgré les générations qui se sont succédé, ils n’ont gagné que lors de la dernière édition. Malheureusement, au Sénégal, après chaque échec, on balaie tout et on bâcle le travail. Ce n’est pas bon. En tant que Sénégalais, on doit prendre du recul après chaque campagne et faire des assises de notre football. On doit construire dans la durée.

Comment aviez-vous vécu cette humiliation au stade léopold Sédar Senghor ?

Ce match est une expérience qui me marquera toute ma vie. Face à la Gambie, on avait la qualification en main  jusqu’à quelques secondes de la fin du temps réglementaire. Personne ne peut expliquer cet échec-là. Si les supporters sont descendus dans la rue pour manifester leur mécontentement, c’est parce qu’ils savaient que leur équipe nationale devait rester encore deux ans sans compétition. C’était vraiment difficile. Mais, on l’a pris avec philosophie parce que ça fait partie du jeu. Je pense qu’au sortir de cette élimination, on a mis en place un Comité de normalisation. Mais, ce n’était pas suffisant. à la fin de la mission de cette structure, je pense qu’il fallait impliquer toutes les composantes du football pour diagnostiquer le mal de ce sport. On doit impliquer les anciens footballeurs.

Suivez-vous l’équipe actuelle du Sénégal dirigée par Aliou Cissé ?

Bien sûr. Malheureusement, cette équipe d’Aliou Cissé est instable. à chaque sélection, ses nouveaux joueurs. On ne comprend pas. Maintenant, il est clair que l’entraîneur a sa philosophie. Si on lui laisse le temps, peut-être qu’il y arrivera.

Y a-t-il des incohérences dans ses choix ?

Bien sûr qu’il y a beaucoup d’incohérences dans cette équipe. Vous savez, le football sénégalais est fermé. Les  joueurs sélectionnés ne viennent que de deux championnats : la France et l’Angleterre. Pourtant, un joueur qui est derrière Hong-kong doit figurer sur la liste s’il est le meilleur à son poste. Il y a de très bons footballeurs sénégalais un peu partout. Mais, les entraîneurs ne se focalisent que sur ceux qui sont en Angleterre, en France. Les autres n’ont pas leur chance et cela est un grand handicap pour le Sénégal et pour ces joueurs.

Que ressentez-vous quand vous regardez l’équipe jouer ?

Je sens qu’il y a une jeunesse qui est là. Qui joue au football, mais qui, malheureusement, manque de maturité et d’expérience. Aujourd’hui, des joueurs sont mis à l’écart mais je pense que leur présence dans le groupe pourrait profiter à l’équipe. L’entraîneur peut certes alerter, mais entre joueurs le courant peut passer mieux. Il y a certaines choses qui ne peuvent pas se résoudre en dehors du terrain mais plutôt sur la pelouse. Une équipe a besoin de repères, malheureusement cela fait défaut au Sénégal. Dans toutes les équipes du monde, il y a un levier qui sert de repère aux plus jeunes.

Quelle solution préconisez-vous pour améliorer cette équipe ?

Je pense que nos anciens doivent mettre la main à la pâte pour aider Aliou Cissé à réussir sa mission. Il ne faut pas qu’ils se servent uniquement des journaux pour donner leur point de vue. Ils doivent au moins donner des conseils aux joueurs pour leur faire profiter de leur vécu. Il faut que la Fédération aussi mette en place une politique tendant à aller trouver les joueurs dans leurs clubs respectifs et discuter avec eux parce que tout se passe dans la tête. Si on prépare les joueurs mentalement, ils se surpassent sur le terrain. Mais si un joueur doute, il ne peut en aucun cas faire quelque chose de positif pour son équipe nationale.

Il paraît que vous êtes le propriétaire de Ndar Guedj qui évolue en ligue 2 sénégalaise…

C’est moi qui ai créé Ndar Guedj avec des amis et mon jeune frère Babacar Ndiaye. On s’est battu ensemble pour que l’équipe retrouve le championnat professionnel. Et depuis trois ans, nous sommes en Ligue 2 sénégalaise.

Votre position d’avant-dernier au classement peut-elle se justifier par un manque de moyens ?

Je ne pense pas que l’équipe connaisse des problèmes de moyens parce que depuis quinze ans, je mets 10% de mon salaire dans le club pour son fonctionnement. L’équipe est financée sur fonds propres. Ndar Guedj forme des joueurs. Je n’ai pas créé cette équipe pour me faire de l’argent. Non, je l’ai plutôt créée pour aider mes jeunes frères saint-louisiens à réaliser leur rêve de devenir footballeur professionnel. Cela leur permet de connaître les rudiments du métier parce que ce sont les mêmes entraînements que l’on retrouve partout dans le monde.

Au rythme où vont les choses, ne craignez-vous pas de descendre en National 1 ?

Comme je l’ai dit, Ndar Guedj est une équipe qui forme. Et à Saint-Louis, il y a une grande instabilité. Rien que cette année, nous avons perdu plus de cinq joueurs qui sont partis voir ailleurs. à défaut d’aller en Europe, nos joueurs quittent Ndar Guedj pour d’autres clubs sénégalais notamment la Linguère de Saint-Louis. C’est ce qui explique notre position d’avant-dernier du championnat de Ligue 2.

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