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L’évocation de son nom réveille de bons vieux souvenirs. Quand on dit Ousmane Diop, on pense à cet arrière-gauche infatigable et aux interminables courses dans son couloir. C’est exactement sur une de ses foulées qu’il avait délivré le centre décisif sur le but de Pape Seydou Diop en Algérie, lors du match inaugural des qualifications à la Coupe du Monde 2002. Il y a quatorze ans, ses performances avec sa génération au début des années 2000 ont balisé la voie à la bande à Diouf et Fadiga pour les plus belles pages du football sénégalais. Personnage effacé de la vie footballistique, l’ancien joueur de la Linguère n’en reste pas moins un passionné qui suit avec intérêt l’actualité des «Lions», en tête Aliou Cissé aux côtés de qui il a défendu les couleurs du Sénégal.

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Comment voyez-vous cette Equipe du Sénégal qui a aligné quatre victoires en autant de matches dans ces éliminatoires de la Can 2017 ?

La qualification à la prochaine Can est presque assurée. Mais, nous devons y aller avec un système de jeu plus offensif. C’est important dans une compétition comme la Coupe d’Afrique. C’était notre cas lors de la Can 2000 au Nigeria. J’évoluais au poste d’arrière-gauche, mais je montais pour délivrer des centres. Je pouvais le faire grâce au système mis en place qui me libérait le couloir.

Pour beaucoup de gens, le poste d’arrière-droit continue d’être le maillon faible de la défense. Pensez-vous que les critiques à l’endroit de Lamine Gassama fondées ?

Lamine est peut-être trop défensif, à cause du système de jeu mis en place. C’est peut-être la raison pour laquelle l’équipe n’a pas le même rendement sur le côté droit, comme elle l’a sur le côté gauche. L’équipe doit pouvoir compter sur ses deux couloirs, pour avoir un apport dans le secteur offensif. S’il a peur de monter, nous devons avoir un autre joueur qui le fait pour aller délivrer des centres aux attaquants. On ne peut pas avoir deux attaquants comme Mame Biram Diouf et Moussa Konaté et manquer de latéraux capables de monter pour centrer. On ne doit pas jouer 90 minutes sans que les latéraux ne fassent des centres. Gassama est trop défensif, on dirait qu’il a peur de monter pour centrer. Nos latéraux doivent encore donner plus. Ils ont souvent le couloir, mais semblent quelque timorés à monter et ce n’est pas normal. L’équipe joue avec trois milieux défensifs et à chaque fois qu’un latéral monte, l’un d’eux doit le remplacer.

Pendant le Mondial U-20 et la Can U-23, vous aviez beaucoup apprécié les prestations de Moussa Wagué. Penseriez-vous à lui comme solution au poste  d’arrière-droit ?

Moussa Wagué est un joueur dont on entendra encore parler. Il est pétri de qualités et a son jeu me plait beaucoup. Je me reconnais à travers son jeu. Il sait quand il faut monter pour aller centrer et épauler les attaquants. Ce qui est rare chez nos latéraux. Il a aussi une bonne condition physique qui lui permet de remonter tout le couloir sans se fatiguer. C’est un garçon qui peut nous valoir beaucoup de satisfactions. Si on lui donne sa chance, il pourra beaucoup nous apporter. C’est un joueur qu’Aliou Cissé connaît bien pour l’avoir entraîné. Il suffit qu’il lui donne un coup de pouce pour qu’il nous apporte tout le bien qu’on pense de lui.

Keïta Diao Baldé s’affirme comme le nouveau chouchou du public sénégalais, ayant montré de belles dispositions contre le Niger. Son association avec Sadio Mané peut-elle apporter un plus au jeu des «Lions» ?

C’est un joueur d’espace et il a une bonne pointe de vitesse. Avec beaucoup de sérieux, il peut aller très loin avec l’Equipe nationale. Son association avec Sadio Mané peut faire des étincelles, parce que ce sont deux très bons joueurs pétris de qualités. Diao peut évoluer sur le côté et Sadio au cœur du jeu. C’est un beau duo.

En 2012 et 2015, qualifiés sans trop de problèmes, les «Lions» seront tout de même éliminés prématurément, en phase finale de la Can. Qu’avait-il manqué au Sénégal ?

C’est une chance de se qualifier encore à une Can, mais il ne devra plus être question de faire un aller-retour simple. Nous devons y aller pour la gagner. Et pour conquérir une Coupe, il faut être très offensif.

Qu’est-ce qui fait encore défaut à cette génération qui regorge de talents, mais ne matérialise toujours pas les espoirs du peuple ?

Je ne côtoie pas les joueurs et ne les vois qu’à la télé. Mais une Coupe d’Afrique se joue avec un bloc et un bon esprit de groupe. Tout le monde doit tirer dans le même sens. Sans quoi, aucune équipe ne peut aller loin. En 2000, personne ne nous attendait et nous sommes pourtant allés jusqu’en quart de finale, grâce à la mentalité du groupe. On y a toujours cru. Les joueurs doivent donc mouiller le maillot et avoir des valeurs, comme le «fula» et le «fayda». Si c’est pour venir jouer tranquille et rentrer dans leurs clubs, ce n’est pas la peine.

«Quand on va en Coupe d’Afrique, ce n’est pas pour faire de la figuration»

 

Qu’est-ce qui faisait la principale force de votre génération ?

La cohésion du groupe. On ne reconnaissait pas les professionnels des locaux. Nous nous retrouvions tous dans une même chambre autour du thé. Quand on venait en regroupement, on était tout le temps ensemble. On sortait acheter du «dibi» et se retrouvait dans une même chambre pour manger. On déconnait et riait ensemble. Le groupe était soudé et chacun souhaitait le meilleur à son prochain. C’est ce qui faisait notre principale force. Les gens ne croyaient pas vraiment en nous. C’est après notre qualification qu’ils ont commencé à croire au Sénégal. Arrivés en quart de finale contre le Nigeria, c’était un match qu’on pouvait gagner, n’eut été le scénario qui nous avait perturbés (envahissement du terrain, alors que le Sénégal menait après un but de Khalilou Fadiga, Ndlr).

«Peter Schnitger avait cette facilité à nous transcender»

 

Au-delà des joueurs, beaucoup continuent de louer le travail du sélectionneur qui avait bâti cette génération…

Nous avions aussi la chance d’avoir un entraîneur (Peter Schnitger, Ndlr) qui savait nous motiver, à partir des entraînements, avant même le jour du match. Il avait cette facilité à nous transcender pour donner le meilleur de nous et nous tuer pour la Nation. Peter a joué un grand rôle dans les performances de notre génération. Nous ne pourrons jamais l’oublier. Il nous a beaucoup appris en expérience de joueur et d’amour pour le maillot national. C’est grâce à lui que nous avons réussi toutes ces belles choses.

Vous pensez que Peter Schnitger a été à l’origine des bons résultats qui ont suivi après, notamment la génération 2002 ?

Le Sénégal était resté longtemps sans arriver à ce stade. C’est grâce au travail de Peter et nos performances en 2000 que le Sénégal a commencé à bâtir l’équipe qui a accouché de la génération 2002. Beaucoup de gens ne s’en rendent pas compte, mais notre match en Algérie (1-1) a été le déclic. C’était le premier match des qualifications à la Coupe du monde. J’avais signé un centre décisif sur le but marqué par Pape Seydou Diop (17e, égalisation des Fennecs sur pénalty par Saïfi, 24e, Ndlr). Nous avions des joueurs qui dégageaient une telle force… Nous étions gonflés à bloc pour défendre le maillot national. Tout le monde pensait qu’on allait perdre ce match. Mais après le nul héroïque (1-1, Ndlr), tous les matches qui ont suivi ont été moins difficiles pour nous. Le jour du match, il y avait plus de monde dehors que dans le stade. Je pense que c’était le premier match d’El Hadji Diouf qui avait joué avec Fadiga.

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