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Comme sa pointe de vitesse, sa carrière file vite. Et s’il garde le tempo, Ismaïla Sarr devrait bientôt atteindre le plus haut niveau. A 18 ans, cette bonne patte formée à l’Académie Génération Foot a décroché son contrat professionnel avec le Fc Metz, sa première sélection en Équipe nationale A et joué son premier match officiel, samedi, face à la Namibie.

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Il n’a certes pas les foulées de la foudre Usain Bolt, la fréquence de Justin Gatlin, encore moins l’intensité de Yohan Blake. Mais, Ismaïla Sarr a des compas dignes d’un sprinter pour déchirer les flancs des rectangles verts et larguer les plus irréductibles défenseurs. Mettre de la vitesse, percuter et éliminer les défenseurs, c’est son jeu favori. Il s’en est donné à l’envi, dès ses premières minutes sur la pelouse de stade Léopold Sédar Senghor. L’entrée de l’ancien joueur de Génération Foot fut expressive. Prendre la place d’un certain Sadio Mané (67e), son aîné à Gf et au Fc Metz, faire bon usage de son premier ballon, en déchirant sur le flanc droit, larguant loin la défense des «Braves Warriors» pour un centre qui ne trouve pas preneur, en dit long sur les qualités de ce gamin de 18 ans qui force le respect sur la pelouse. Même celui de Aliou Cissé, entraîneur de l’Équipe nationale qui n’a pas ménagé ses cordes vocales, pour encourager «sa» pépite, à l’entraînement des «Lions» durant toute la préparation du match contre la Namibie. «Vas-y mon garçon. Élimine-le, vas au but». Et boum !!! Parfois ça rentre, parfois Sarr rate le cadre ou écrase un centre. Le bleu de la Tanière se fond ainsi dans le groupe et sans complexe, exprime son talent. Naturellement ! Tout comme il l’a fait au Fc Metz où il est arrivé en juillet 2016 et s’est vite dégoté une place de remplaçant lors de la victoire de Metz sur Lille (3-2), le 13 août, en match d’ouverture de la saison 2016-2017 de la Ligue 1 française, la première des Messins qui ont retrouvé l’élite, après une année au purgatoire. Ce jour-là, Sarr a grignoté 17 minutes de jeu. Puis 20 minutes lors de la défaite (3-0) de Metz au Parc des Princes. Durant cette fourchette temporelle, Sarr déposera Blaise Matuidi à terre, fera quelques centres, ni plus ni moins. Et pour son troisième, lors de la victoire de Metz (1-0), donnant une leçon de réalisme à Angers, le natif de Saint-Louis du Sénégal, excentré côté droit, a tenté un centre qui est passé au-dessus de tout le monde, à la 75e, 18 minutes après son entrée en jeu. Pas mal pour un début en Ligue 1 française.

ismaila sarr

«C’est le premier joueur qui est parti à Metz et qui a joué directement chez les pros. Même Sadio Mané n’a pas eu cette chance», s’enflamme Olivier Perrin. «Ismaïla est un gamin capable de percuter, d’éliminer, de faire tout le match. Il apporte un plus dans les appels en profondeur. Il a beaucoup de qualités. Il est aussi bon sur les coups de pied arrêtés, capable de marquer des buts et de faire des dernières passes. C’est un joueur décisif», renseigne le manager général de Génération Foot. Sarr a eu la même chance en Equipe nationale où il a été utilisé dès sa première sélection. «Pour ma première sélection, il fallait que je sois concentré. Je l’ai été et j’ai montré de l’engagement et l’envie de jouer. J’ai fait ce que je devais faire quand je suis rentré. Cette première sélection est encourageante, d’autant plus que je suis encore un jeune joueur. Il me reste encore beaucoup de choses à apprendre. Ça devait se passer ainsi, parce que je ne pouvais être titulaire pour ma première sélection. Je pensais vraiment que j’allais jouer, parce que le coach m’a fait confiance en m’appelant. Je dois beaucoup travailler pour disputer la prochaine Can et les éliminatoires de la Coupe du Monde 2018», a réagi le néo-lion, à la suite de la victoire du Sénégal sur la Namibie (2-0).

L’éclosion : On est un soir du 8 août 2015. La finale de la Coupe du Sénégal oppose Gf au Casa Sport. Ce jour-là, un ciel de traîne maraudait sur le toit du stade Demba Diop de Dakar. Avec comme perturbateur, le Casa Sport (équipe de Ligue 1) favori avant la lettre qui se fait balloter par Génération Foot, alors club de National 1 qui venait d’assurer la montée en Ligue 2. A la baguette, un jeune de 17 ans, à l’époque. Ismaïla Sarr, telle une éclaircie, illuminait, par sa rapidité et sa puissance, le jeu de Gf. Ses feintes de corps à donner le tournis à la défense du Casa Sport bluffaient un stade Demba Diop plein à dégorger du monde ce soir-là. Piqué par on ne sait quelle mouche, Ismaïla avait de la niaque à revendre. Du talent à étaler. Une puissance athlétique à imposer à la vieille arrière-garde du Casa Sport. Le jeunot a épaté tout un stade. Tous les commentaires portaient sur lui.

Ismaïla Sarr a rendu la fête belle, en ouvrant le score sur pénalty, à la 19e et mettant ses coéquipiers en lumière. Après un 2-2 à la fin du temps réglementaire, le jouvenceau se décide et sort tout ce qu’il avait dans le cœur et les jambes pour achever le Casa (4-3). L’Académie Gf décroche ainsi sa première Coupe du Sénégal. Ismaïla Sarr, élu homme du match, gagne le respect. «Ce jour-là, j’avais de l’envie. Je voulais gagner cette finale. Je me suis donné à fond la caisse. C’est ce match qui m’a lancé devant le grand public», avoue le néo-Messin. Avec Génération Foot, Sarr confirme en Ligue 2 tout le bien qu’on dit de lui. Ses derniers feux dans le championnat local ont hissé l’académie basée à Déni Biram Ndao en Ligue 1 sénégalaise. Et son étoile fila à l’Hexagone où il s’engage, le 13 juillet 2016, avec le Fc Metz, pour 5 ans.

Fait pour le foot : Né le 25 février 1998 d’un père ancien sociétaire de la Linguère de Saint-Louis (Abdoulaye Sarr dit «Nar Gade»), Ismaïla Sarr est comme qui dirait, né pour le foot. Le gamin a très tôt poursuivi son penchant pour le ballon rond, au détriment des études. «J’ai très tôt opté pour le football. A l’école primaire Médina de Saint- Louis, il m’arrivait de sécher les cours pour aller jouer au foot. Quand je m’habillais pour aller à l’école, je portais mon maillot en dessous. Comme ça, quand je tombais sur un match de foot, le tour était facilement joué. Je faisais aussi le tour de la ville à la recherche de parties de foot. Et je n’aimais pas perdre, quitte à aller garder les buts», raconte le joueur passé à la Linguère de Saint-Louis en 2011, avant de réussir aux tests de Génération foot qui l’a livré à Metz, après trois ans de formation.

«Le jour où des talibés ont voulu nous tabasser»

Au moment d’ouvrir le cahier souvenirs de son enfance de footeux dans les rues de sa ville natale, les anecdotes se bousculaient dans la tête de Ismaïla. Mais il y en a une qui le fait marrer encore. «Je me rappelle, ce match contre les talibés. Nous avions gagné, mais les talibés refusaient de nous laisser partir avec l’argent misé. Subitement, ils créèrent une dispute à la fin du match et nous invitèrent à la bagarre. Et ils nous tabassaient à l’aide de leurs sébiles qui leurs servaient d’armes. C’était le sauve-qui-peut. Mes coéquipiers et moi avions décampé, leur laissant l’argent», rigole aujourd’hui le nouveau «Lion» de la Téranga.

«L’avenir de l’Équipe nationale se fera avec moi »

Offensif sur les carrés verts, Ismaïla l’est aussi aux mots. «Le foot, c’est un don de Dieu», se targue-t-il. «Je suis né d’un père footballeur, Abdoulaye Sarr. Il était international milieu terrain. J’ai tout hérité de papa, mais je joue mieux que lui», dit celui qui veut ressembler à Cristiano Ronaldo. «Je copie CR7, pour sa rapidité et son efficacité. C’est mon idole depuis le temps où il jouait dans mon équipe de cœur, Manchester United. Si je supporte le Réal Madrid, c’est grâce à lui.» Ismaïla est également fan de son aîné à Génération foot, Metz et en Équipe nationale, Sadio Mané. «Sadio, j’adore sa finesse dans le jeu, ses dribles, sa technique. J’essaie de produire le même jeu, mais il est plus technique que moi», avoue-t-il.

Pour sa première sélection chez les «Lions», Sarr était venu pour apprendre. «Je viens apprendre, tout en sachant que l’avenir de cette équipe se fera avec moi. J’en suis conscient et j’y travaille. Je dois porter très haut le flambeau que papa m’a légué», dit-il. Ce père protecteur, coach, supporter numéro un, ne se lâche jamais de refaire les matchs avec son fils. «Les conseils de papa m’aident à m’améliorer», confie le joueur de 18 ans qui a envie de montrer qu’il sort de la bonne école, Génération Foot. «Tout ce qui m’arrive dans ma carrière atteste que Génération Foot instille un travail très professionnel. C’est la voie de l’excellence. On y découvre le professionnalisme avant de partir en Europe». Le Messin voit l’avenir en grand format. «Mes objectifs, c’est de jouer dans les grands clubs européens, surtout en Angleterre. Gagner une Coupe d’Afrique…», rêve ce talent à l’état brut.

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