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A 30 ans, Moustapha Diallo est devenu un habitué des joutes de la Ligue 1 française dont il a disputé une centaine. En cette trêve internationale qui ne le concerne pas, le milieu de terrain de l’En-Avant Guingamp, club avec lequel il entame sa huitième saison, s’est posé pour nous conter son aventure française, mais également son absence de la Tanière des Lions qu’il garde toujours dans le viseur même s’il semble être oublié par les différents sélectionneurs qui se succèdent à la tête de l’Equipe nationale du Sénégal.

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Huit saisons dans un seul club en France, ce n’est pas commun. Qu’est-ce qui explique une telle longévité ?

Les gens ici aiment ma façon de jouer. C’est peut-être ma qualité de guerrier, d’être prêt au combat, de tout donner. Je ne vais pas me vanter mais je crois que c’est pourquoi je suis aimé ici. C’est ma façon de faire. J’ai toujours été comme ça. C’est ce que j’ai appris avec le Jaraaf à Dakar. C’est un sentiment de satisfaction, de fierté. Cela montre que j’ai dû bien faire mon travail. C’est une marque de confiance de la part des dirigeants du club avec lequel j’ai tout connu. La descente en National, la remontée en Ligue 2, la montée en Ligue 1, la victoire finale en Coupe de France, la Coupe d’Europe (Europa League)…

Et la première place en Ligue 1, même si c’est anecdotique à ce stade de la compétition…

(Rires) Oui, on peut dire ça. C’est le résultat d’une très bonne préparation que nous avons faite. C’est pourquoi nous avons bien démarré la saison. Rien n’est encore joué, mais même si nous n’en sommes qu’à trois journées, ça fait plaisir.

Rien que trois journées, mais personnellement, vous avez déjà atteint votre meilleur total en termes de buts marqués, avec déjà deux réalisations, soit autant que lors de toute la saison 2013/2014 (2 buts en 30 matches). Qu’est-ce qui a changé pour que vous vous retrouviez avec un tel penchant offensif ?

Rien n’a changé sur le plan personnel. La différence se fait peut-être au niveau collectif. On avait à cœur de bien démarrer le championnat, avec beaucoup d’engagement. C’est ce que notre nouvel entraîneur (Antoine Kombouaré) nous a demandé de faire. Il insiste beaucoup sur l’engagement. Ça porte ses fruits et je profite de ce travail collectif pour marquer des buts.

Le paradoxe de votre parcours, c’est que malgré votre régularité en club, vous n’arrivez toujours pas à faire votre trou en Equipe nationale du Sénégal, où vous n’êtes même pas appelé, quel que soit le coach en place. Qu’est-ce qui explique cette situation ?

C’est une situation qui est là, mais je me dis que c’est parce que les Sélectionneurs en place ont toujours eu la chance de pouvoir compter sur un effectif très riche, notamment à mon poste. Vu sous cet angle, cela ne me fait pas mal. Il n’y a que de très bons joueurs au Sénégal. Moi, je continue à travailler et à garder un très bon état d’esprit. Si une sélection doit venir, elle viendra et c’est avec grand plaisir que je répondrai présent car je suis un soldat de la Nation. Sinon, je resterai le premier supporter de cette équipe.

«Il ne faut pas se contenter d’un joli parcours en éliminatoires de Can»

Quand le sélectionneur publie sa liste, n’êtes-vous pas déçu de ne pas y voir votre nom ?

Non, je ne suis pas déçu quand je vois la liste. Quand vous regardez le nombre de milieux de terrain qui sont convoqués, ceux qui sont laissés en rade, je me réjouis que mon pays puisse disposer de tant de bons joueurs. J’aurais été déçu si ceux qui sont appelés étaient moins bons que moi. Mais là, j’ai entière confiance en ces joueurs, qui défendent notre maillot et j’espère qu’ils feront de grandes choses.

Ce n’est pas une forme de résignation ? Pensez-vous pouvoir apporter quelque chose à cette équipe si on vous appelait ?

Bien sûr que si ! Ce n’est pas une résignation, au contraire. Si j’arrive à me battre de toutes mes forces pour Guingamp, alors que je suis un Sénégalais, digne fils de mon pays et fier de l’être, c’est clair que je serais très ravi de pouvoir défendre les couleurs nationales, encore plus que je ne le fais avec mon club. Je serai toujours prêt pour répondre présent à l’appel du sélectionneur. Mais pour cela, tout ce que je peux faire, c’est de me battre avec mon club, m’améliorer au fil des matches. Le reste, ce n’est pas de mon ressort.

Avez-vous des contacts avec l’actuel staff technique ?

Non, pas encore.

L’Equipe nationale s’apprête à disputer ce samedi sa sixième rencontre des Eliminatoires de la Can 2017. Comment suivez-vous les performances des Lions et comment jugez-vous le travail effectué par Aliou Cissé ?

Je suis de très près les performances de l’équipe et je suis fier du parcours. Pour l’instant, ça se passe bien. Comme tout Sénégalais, je sais que cette équipe a la capacité de faire un très bon parcours à la prochaine Can. Elle est composée de très bons joueurs. Je rêve d’un brillant parcours à la Can et d’une qualification en Coupe du monde. C’est dans l’ordre du possible avec cette équipe. Il ne faut pas se contenter d’un joli parcours en éliminatoires de Can. C’est normal pour le Sénégal. On ne va pas juger l’équipe sur ce parcours. J’attends de voir ce qu’on fera en phase finale. On a les moyens et les qualités de la gagner (la Can) et on a aussi la chance d’avoir un staff composé d’anciens internationaux sénégalais, qui comprennent la réalité du football au Sénégal.

«Nous, Leicester français ?»

Pour en revenir à votre club, le compte officiel de l’EA Guingamp a très vite fait le buzz sur la toile, en se présentant dans sa description sur Twitter comme le leader de la L1 au moins pour quinze jours. Aujourd’hui, tout le monde en rigole, mais cela ne vous donne-t-il pas des idées pour faire comme Leicester, champion d’Angleterre, contre toute attente, devant les gros clubs anglais ?

Nous sommes Guingamp. Nous n’allons pas nous prendre pour ce que nous ne sommes pas. Nous sommes bien partis pour faire une bonne saison, mais ce n’est pas pour autant qu’on va se prendre la tête pour si peu. On ne va pas se mentir, notre objectif, c’est le maintien. Leicester, c’est Leicester. C’est un club qui a le mérite d’avoir réussi là où personne ne l’attendait. Mais les contextes ne sont pas forcément les mêmes.

Au moment d’aborder votre huitième saison à Guingamp, qu’est-ce qui a évolué dans un vestiaire où vous êtes devenu l’un des plus anciens (avec Thibault Giresse) ?

Oui, dans le vestiaire, les gens te respectent de plus en plus par rapport à ton statut. Quand on dure dans une équipe, forcément, le regard des jeunes qui arrivent est différent. Ils t’écoutent. Ils suivent ton exemple. Dans le vestiaire aujourd’hui, il y a beaucoup de jeunes. Si moi j’arrive à mettre autant d’intensité dans un match, eux aussi, ça leur donne envie d’en faire autant. Ça les motive.

Vous avez disputé plus de 200 matches sous le maillot guingampais. Quels sont jusqu’ici les moments les plus forts que vous gardez de ce parcours ?

L’année où nous disputons la Coupe d’Europe (Europa League, 2014/2015) ! C’est un moment inoubliable. On a marqué l’histoire du club, on a rencontré de grandes équipes, de grands joueurs et on a réussi à nous qualifier en 16e de finales de cette Ligue Europa. Après, sur un plan plus négatif, il y a la saison à l’issue de laquelle nous descendons en National (2009/2010). C’était difficile à vivre. Cela m’avait tellement marqué qu’à l’époque, j’avais appelé le président du club pour lui dire que j’avais pris la décision de rester au club et de me battre pour qu’on réussisse ensemble à le faire remonter dès la saison suivante.

«10 buts, mon objectif de la saison»

C’était un défi personnel ?

Oui, ça me tenait à cœur. Et Dieu merci, on a réussi à revenir en Ligue 2 la saison suivante. Aujourd’hui, quand je regarde dans le rétroviseur, je vois que j’ai fait du chemin avec l’En-Avant Guingamp. Ça valait le coup de me fixer ce défi car c’est ce qui m’a permis aujourd’hui de connaître la montée en Ligue 1, de vivre ces quatre saisons d’affilée en Ligue 1, ces émotions après la victoire en Coupe de France (2014) et en Europe. Ce sont des moments qui forgent un joueur. Quand on sait d’où l’on vient…

En quatre saisons, vous avez disputé près d’une centaine de matches en Ligue 1 (95, exactement). Quel adversaire vous a le plus impressionné ?

Le Psg et toutes ses stars, forcément. Zlatan Ibrahimovic, Thiago Motta, Marco Verratti… Quand on les affronte au Parc, c’est impressionnant.

Le mercato estival va prendre fin dans quelques heures. Vous n’avez plus jamais changé de club depuis que vous avez intégré Guingamp. A 30 ans, comptez-vous y rester jusqu’à la fin de votre carrière, pour marquer davantage l’histoire de ce club, ou gardez-vous un œil sur d’éventuelles offres pour changer d’air, vivre une autre expérience ?

Tout va vite dans le milieu du football. Je ne peux jurer de rien. Si dans les derniers instants, une offre qu’on ne peut pas refuser tombe, je suis obligé de réfléchir. Je n’ai plus rien à prouver à Guingamp. J’ai eu beaucoup de bonheur ici. En quittant le Sénégal, j’étais venu pour jouer au football et aller le plus loin possible. Donc je ne ferme pas la porte. Si un club m’offre l’opportunité de franchir un cap supplémentaire, pourquoi pas ?

En attendant, sur quels aspects de votre jeu souhaitez-vous vous améliorer ?

On ne cesse jamais d’apprendre, surtout en football. Il n’y a pas d’âge pour progresser. J’essaie de m’améliorer sur tous les plans. D’être plus calme, de prendre moins de cartons jaunes et d’être plus efficace devant les buts.

Ce n’est peut-être pas votre rôle de marquer des buts, mais puisque l’appétit vient en mangeant, quel objectif vous êtes-vous fixé sur ce plan, après avoir marqué deux buts en trois journées ?

Je me suis fixé un objectif de dix buts cette saison.

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