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La « réserve » qu’il avait, dixit Calvin Mangan, quand il a posé son sac à Epinal un jour d’été 2012 a disparu. « Il s’était créé une carapace, pour se protéger », prolonge son ancien partenaire sous la tunique vosgienne. « Mais il était toujours souriant et dégageait de la joie de vivre », expose pour sa part Sébastien Chéré, actuellement à Colmar. En effet, à l’autre bout du fil, Famara Diedhiou parle posément et sans la moindre appréhension. L’émancipation certainement, la maturité, sans doute. Malgré ses vingt-deux ans. « Si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce au travail », balaie d’emblée le meilleur buteur de Ligue 2, avec une modestie toujours présente en dépit de ce statut naissant. « Et puis, je peux travailler dans une bonne ambiance, prolonge l’attaquant sénégalais, dans la sérénité parce que j’ai de la confiance. » Celle de sa coach également. « Il se fixe des challenges personnels sur les entraînements et moi, je lui donne des objectifs. Il sait que s’il n’est pas bon ou s’il ne fait pas plus d’efforts, il ne jouera pas. Il est assez intelligent pour le savoir », expliquait récemment Corinne Diacre.

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« Elle me pousse beaucoup », abonde Famara Diedhiou, venu en Auvergne en janvier dernier et qui a eu le temps d’apprivoiser « l’environnement, le club et le système de jeu », dit l’avant-centre. « J’essaie de relever des challenges, elle aussi », ajoute-il. Le duo a les mêmes. « Je n’ai pas d’objectif personnel , tranche l’attaquant. Je vais tout faire pour que le club se maintienne rapidement. Ce qui m’importe, c’est prendre du plaisir à chaque match. Après, on verra. En tout cas, je ne fais aucun calcul car tout peut aller très vite. C’est vrai, ce que je fais, ça tape à l’œil, j’apprécie. Pour le moment tout va bien. En fait, le foot, c’est du plaisir. Et quand tu joues libéré, c’est encore plus sain. »

« On sentait qu’il avait du potentiel , se souvient le défenseur Calvin Mangan, qui se dressait régulièrement sur son chemin lors des entraînements. Il gardait bien le ballon, savait jouer dos au mur et son jeu de tête était bon. Il devait juste travailler au niveau de la finition, mais au fur et à mesure des mois, on voyait qu’il progressait. C’est peut-être parce que je lui mettais quelques coups aux entraînements (rires). Il était content d’avoir du répondant physiquement. »

Les séances de musculation communes avec le Camerounais sur des appareils laissés par le trio Diedhiou (l’autre, Christophe), Seck et N’Doye y ont contribué. « Ça lui a profité », se marre encore le désormais joueur de Châteauroux, qui se montre « étonné, pas de sa capacité à marquer, mais parce qu’il enchaîne les buts. » « Il a toujours fait de bonnes saisons , fait remarquer Sébastien Chéré, même si durant six mois à Sochaux, il ne jouait pas vraiment. Je ne suis pas surpris. Lors de son premier entraînement avec nous, il y avait un spécifique devant le but, avec centres et volées et j’avais trouvé qu’il avait mis beaucoup de buts. On avait vu qu’il pouvait nous faire du bien. »

« On a le sentiment qu’il a évolué dans le bon sens , constate pour sa part Olivier Robin, l’emblématique gardien spinalien. Famara est un gentil garçon, qui faisait des efforts mais qui, à l’image de cette saison-là (Epinal a été relégué), a eu des hauts et des bas. […] Dans le vestiaire, il était aimé de tous et participait à la vie de groupe. Ce n’est pas un mec à histoires. Il a les pieds sur terre. » Mais il n’était pas forcément adroit à cette période. « On en parlait dernièrement avec le président et on s’est rappelé qu’à Lens (en huitièmes de finale de la Coupe de France), il avait eu une grosse occasion, mais il avait frappé dans la pelouse , révèle Olivier Robin. Mais il avait des qualités, c’est sûr. Je ne peux pas dire que je suis surpris de ce qui lui arrive, mais en venant à Epinal, il lui manquait du temps de jeu. Il intégrait un club amateur, ce qui n’est pas évident quand tu sors d’une structure professionnelle. Je me souviens qu’en sortant du FC Metz, j’avais mis pas mal de temps pour comprendre. » Mais le jeune homme de dix-neuf ans qu’il était alors a bien grandi. « Il est dans une autre dimension , conclut le portier spinalien. On a l’impression qu’il court plus vite, qu’il frappe plus fort. » Ce ne sont pas les défenses de ligue 2 qui diront le contraire.

« On a l’impression qu’il court plus vite, qu’il frappe plus fort. » Olivier Robin. :

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