Publicité
Mara Kante

Parce que le football ne se résume pas aux frasques de Mario Balotelli, aux dribbles de Neymar et aux buts à foison de Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, Foot Mercato vous propose de partir à la rencontre de Mara Kanté, au centre d’une histoire singulière et poignante.

Accusé de tentative d’homicide sur les forces de l’ordre durant les émeutes de Villiers-le-Bel en 2007, Mara Kanté a fait 29 mois de prison, dont 11 en isolement. Cet homme de 25 ans a finalement été acquitté, et sort un livre intitulé « Préjugé Coupable », pour raconter son histoire. Contacté par nos soins, le gaucher vous retrace son parcours de jeune footballeur plein d’espoir, avant donc ce triste épisode : « J’étais jeune, j’étais clairement consacré à mon football. Je mettais tous les moyens nécessaires pour atteindre un certain niveau et prétendre à postuler, à faire des demandes dans différents clubs professionnels ou semi-professionnels. Je n’avais pas de casier judiciaire, j’étais simplement dans l’optique où il fallait réussir, et la voie la plus adaptée pour moi était le football. J’évoluais dans des clubs amateurs, je n’ai pas fait de centre de formation. J’ai commencé à Villiers-le-Bel, en gravissant les paliers doucement, en moins de 15 à Gonesse, en District 1. Après, j’étais en DH, et je suis passé en Senior DH, en étant surclassé. J’étais ensuite en 18 ans nationaux à Brétigny-sur-Orge, j’ai atteint un certain palier. J’étais un mec qui était parti du bas de l’échelle dans le football, et je me disais alors qu’il y avait quelque chose à faire, qu’on pouvait en faire un vrai bagage pour arriver, si ce n’est pas en L1 ou en L2, au moins en National. Je suis latéral gauche ou ailier gauche. Je regarde beaucoup des joueurs comme Coentrão, Marcelo, Evra, Assou-Ekotto, ou au milieu quelqu’un comme André Ayew, Rivaldo ».

Publicité

Plein d’espoir, le joueur a donc été stoppé dans son élan, placé en maison d’arrêt et faisant 11 mois en isolement. De quoi le couper totalement du ballon rond : « Je ne pouvais pas jouer au football. Je n’ai pas pu jouer pendant longtemps. Pendant toute ma période en isolement, j’ai dû peut-être toucher cinq ou six fois le ballon, parce que j’avais droit à une grande cour de promenade une fois par mois, et c’est là qu’on pouvait jouer entre isolés. Mais bon, entre isolés, il n’y avait pas de footballeurs (rires), il y avait des personnes plus âgées que moi, de 50-60 ans, et quelques jeunes. Je jouais pratiquement tout seul histoire de me faire plaisir. Après, une fois transféré à Villepinte, je pouvais jouer au foot 3 fois par semaine, et c’était un soulagement. Je ne connais pas de footballeurs professionnels directement. Mais un ami à moi, Alimamy Diabira, avec qui j’ai joué à Brétigny-sur-Orge et qui est maintenant agent de joueurs de football, me dit que beaucoup de personnes du milieu sont touchés par ma situation. Un autre ami, Kevin Rimane, qui était au PSG et qui est maintenant à Boulogne-sur-Mer, m’a dit que les gens au PSG étaient touchés par mon parcours, mon épreuve. J’ai entendu qu’un jeune comme Neeskens Kebano parlait de moi, qu’il était touché par mon histoire du fait de mon âge aussi. Ça m’a touché, je suis humain. Tout témoignage, direct ou indirect, me va droit au cœur ».

Touché par les témoignages de soutien qui se sont multipliés, Mara Kanté doit se reconstruire. Et une chose est sûre : le football fera assurément partie de sa vie : « Le foot fera toujours partie de ma vie. C’est difficile, parce que j’aspirais à vivre de mon football. C’était mon rêve, il était possible. J’ai réussi à rebondir. Après trois ans de détention, j’ai retrouvé un niveau de National, malheureusement les contacts avec les clubs de National ne se sont pas concrétisés. Je suis déçu mais c’est la vie, c’est comme ça. Le jour où je ferai une croix sur ce rêve, c’est que je ne pourrai vraiment plus jouer. J’y crois toujours dans un petit coin de ma tête. Quand je regarde bien, que je joue contre des amis qui jouent en National ou en CFA, ils me demandent si j’ai vraiment arrêté le foot ! En tout cas, à vous les lecteurs de Foot Mercato, je vous dis de croire en la vie, de vous battre, et de ne rien lâcher ». Un message à ne jamais oublier.

Source: Footmercato

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici