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En juillet dernier, il est devenu le joueur africain le plus cher de l’histoire. En novembre, il a reçu son troisième titre consécutif de joueur sénégalais de l’année, égalant au passage Mamadou Niang. Et voilà janvier et cette CAN où Sadio Mané n’avait pas le droit de se planter. Résultat, après deux matchs, le Sénégal est déjà qualifié et le « cadeau de Dieu » y est déjà pour beaucoup.

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Ce serait donc ça, prendre la route. Partir d’un point A, ici Bambali, calé sur les bords du fleuve Casamance, dans le sud du Sénégal. Pour Sadio Mané, c’est là que tout a commencé. Il faut l’imaginer au début des années 90, dans un village où musulmans et catholiques cohabitent, où l’on raconte des histoires de rébellion sans ne jamais vraiment les vivre, et où il n’y a pas de terrain de foot. Jouer, c’est sur de la boue ou entre des herbes hautes et c’est souvent avec les pieds nus. Le père de Sadio, lui, est imam et guide la famille dans la religion. Sauf que pour grandir et faire taire les rires d’un oncle à qui l’enfant de Sédhiou avait juré un jour qu’il serait plus tard dans « un grand club français » , il fallait partir. Au moment de quitter Bambali, un deal avait alors été passé entre le fils et le père : d’accord pour partir tenter sa chance chez un oncle à Dakar, mais à la condition de continuer les études et de rester un bon musulman. Le destin de Sadio Mané a commencé ainsi et personne ne sait où il se terminera. Sur sa courbe, on peut aujourd’hui trouver des repères, des étapes. Un départ à Metz, une révélation au Red Bull Salzbourg, une explosion à Southamptonet donc une confirmation à Liverpool où l’espoir national a débarqué l’été dernier en devenant le joueur africain le plus cher de l’histoire. Loin de Bambali, sans oublier, proche de ses idoles, avec les pieds sur terre. Au départ, cette Coupe d’Afrique des nations devait être un révélateur pour une génération considérée comme « l’une des meilleures » de l’histoire du Sénégal. Une héritière de celle de 2002, finaliste de la CAN au Mali, mais également quart-de-finaliste de la Coupe du monde. Aujourd’hui, le Sénégal n’est plus le même, mais est déjà qualifié pour le second tour auGabon alors qu’il lui reste un match à disputer ce soir contre l’Algérie. Et Mané dans tout ça ? Une évidence.

Le produit à finir

Oui, en deux matchs – contre la Tunisie (2-0) et leZimbabwe (2-0) -, le joueur de Liverpool a déjà planté deux fois. L’édition 2017 est sa deuxième CAN après l’échec de 2015 où le Sénégal n’avait pas réussi à sortir des poules. Entre-temps, le tableau a changé : Alain Giresse a été remplacé sur le banc par Aliou Cissé, les Lions de la Téranga s’affichent actuellement comme la meilleure équipe africaine au classement FIFA après des éliminatoires parfaits et Sadio est définitivement devenu Mané. L’homme est passé de Southampton à Liverpool, a enfin cédé aux longues avances de Jürgen Klopp, qui avait tenté de le ramener à Dortmund il y a quelques années, et est surtout arrivé à l’endroit où il rêvait d’aller. Pour imiter l’exemple El-Hadji Diouf, malgré le souvenir laissé par l’idole à Anfield. Oui, Mané est le successeur désigné de Diouf, l’humilité en plus. De son aveu, Sadio est arrivé à Liverpool comme un simple joueur dont l’ambition principale est de sentir les supporters derrière lui. « C’est une chance pour lui d’être dans un tel club, expliquait récemment Aliou Cissé lors d’un entretien donné à L’Équipe. Mais ce n’est pas un produit fini. j’aime bien ce mot. C’est un garçon brut. Il ne faut pas oublier qu’il est encore jeune. Je vois que d’année en année, il progresse. Je pense que tout cela peut être bénéfique pour nous. Mais aujourd’hui, il est encore un peu fragile, un peu tendre pour porter l’équipe nationale comme tout le monde le dit. C’est à nous de l’aider, à ses coéquipiers de lui faciliter la tâche pour qu’il puisse justement le faire à un moment donné. »

Le coup de pied au cul

Alors à quoi reconnaît-on l’importance d’un joueur ? À son absence, déjà. C’est simple : depuis que Mané a quitté Liverpool pour rejoindre le Sénégalsur un but décisif à Sunderland (2-2) début janvier, les Reds n’ont plus gagné la moindre rencontre à l’exception d’une manche de FA Cup à Plymouth. Samedi, Anfield a assisté dans un silence révélateur à la défaite des siens face à Swansea (2-3) et Jürgen Klopp en a profité pour envoyer un message à son joueur : « Je suis content pour toi, mais d’un autre côté, je pourrais vraiment te botter les fesses. » Car Mané va donc prolonger son séjour au Gabon, amputant Anfield de l’une de ses cautions excitation, définitivement adoptée depuis son but victorieux contre Everton en décembre dernier. Et si la clé, au-delà des problèmes défensifs des Reds était aussi là ? Et si le système Klopp ne pouvait avancer sans dérailler qu’avec son trio fixe Coutinho-Firmino-Mané ? Pour le moment, pour le Sénégalais, l’important est ailleurs malgré ses regrets d’avoir quitté ses potes à un moment où l’équipe tournait bien. Reste à Melwood le souvenir de la bonne humeur qu’il ramènera dans quelques semaines avec, peut-être, une étoile en plus. Son chemin aura un repère de plus. Sa route, elle, ne sera encore qu’à ses débuts.

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