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Champion de la Ligue 2, Kader Mangane retourne dans l’élite française avec le Racing Club de Strasbourg. Dans cet entretien accordé à Stades, le Thiessois, actuellement en vacances dans la capitale du rail, évoque sa saison avec le club alsacien. L’ancien capitaine des Lions parle également de l’équipe nationale.

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 Kader, vous êtes champion de la Ligue 2 avec Strasbourg qui va retrouver la Ligue 1, dix ans après. Que retenez-vous de cette saison qui est tout de même particulière ?

De la satisfaction parce que l’objectif qu’on voulait c’était de faire remonter le Racing Club de Strasbourg dans l’élite française et on l’a atteint. Les performances dans le terrain ont fait que cette montée prévue dans les trois prochaines années, selon les dirigeants, est arrivée plus tôt. C’est un bilan très positif dans la mesure où tous les Alsaciens sont contents et très fiers de la prestation des joueurs. Donc, si on est parvenu à anticiper ce but, on ne peut que s’en réjouir. Maintenant, c’est derrière nous et il y aura un autre championnat (Ligue 1) qui débute au mois d’août. Et on va tout faire pour se maintenir et après on verra.

Comment l’équipe, les joueurs, les supporters, les dirigeants, ont vécu la montée et le titre de champion de la Ligue 2 ?

C’était fantastique, génial et extraordinaire. Vous savez, Strasbourg fait l’un des meilleurs publics français. Et en Ligue 2, le club avait soif de la montée que le public alsacien attendait depuis 10 ans. Ce sont des supporters exigeants qui se donnent à fond et restent toujours collés à leur club. Je me sens bien à Strasbourg et je profite de ces moments. Je dois les rassurer et leur donner confiance. C’est à moi d’être là pour les accompagner en Ligue 1. Les attaquants, je les attends de pied ferme (rires).

Qu’est-ce qui vous lie à Strasbourg ?

Strasbourg est mon quatrième club en France. Et je garde toujours de bons souvenirs de Rennes, de Lens où j’ai débuté. J’étais libre de contrat et j’ai signé un an à Strasbourg pour voir comment ça va se passer. Dieu merci puisque tout est OK et j’ai pu prolonger le contrat avec le Racing Club de Strasbourg pour une année supplémentaire. Donc, pour le moment, j’appartiens au Racing.

Vous avez marqué un but décisif pour la montée…

Le but, je ne l’ai pas programmé et c’était juste un match qu’il fallait gagner pour assurer définitivement la montée et être champion. Après, comme je l’avais dit à mes jeunes coéquipiers avant le match qui me signifiaient que je n’avais pas encore marqué, quand le moment viendra, je marquerai. ET alhamdoulilahi le Bon Dieu a fait que c’était ce jour-là. Tous les buts sont importants mais celui-ci, je ne l’oublierai jamais même s’il n’est pas le plus beau but il reste en tout cas décisif et important moi et pour le club.

Quels rôles avez-vous joué au sein de l’équipe durant la saison ?

Le rôle, c’est-à-dire que j’ai eu un début d’intégration difficile avec quelques pépins physiques. Quand je suis arrivé à Strasbourg fin août 2016, le championnat avait démarré depuis huit journées. Donc, j’étais à cours de compétition. Avec les bobos physiques en plus, j’avais discuté avec mon entraîneur qu’il fallait que je prenne le temps de me soigner, de bien me préparer physiquement pour être prêt à partir du mois de janvier. J’ai pu enchaîner tous les matchs sans problème. Mon rôle, c’était d’apporter mon expertise à ces jeunes talents afin de leur transmettre la responsabilité d’être professionnel, l’envie de gagner et de leur faire comprendre qu’ils peuvent le faire. Ils m’ont écouté avec de l’engouement car ce sont des jeunes qui sont toujours attentifs aux conseils. Ils sont tous contents de moi. Je crois que d’ailleurs c’est pourquoi les dirigeants ont prolongé mon contrat, pour que j’accompagne encore les jeunes.

On peut dire que vous êtes attaché à la France ?

J’ai été très sollicité mais j’ai voulu chercher la stabilité cette année. Avec l’expérience, j’ai voyagé pas mal dans le Golfe, en Angleterre, en Turquie ; donc j’ai connu l’étranger. Maintenant, si j’ai fait le choix de revenir en France, c’est purement familial car mes enfants sont en France et c’était plus facile d’y retourner. J’ai eu des opportunités avant de prolonger à Strasbourg où je me sens bien. J’ai fait l’aventure avec eux et j’ai envie de continuer.

Comment appréhendez-vous votre retour en Ligue 1 ?

C’est difficile de se fixer des limites. Mais tout dépend de la condition physique, si je prends du plaisir… Je rends tout au football. Si tout va bien on saura. La Ligue 1 est un championnat qui n’est pas facile et le plus important c’est d’avoir une bonne préparation avant le début du championnat pour pouvoir tenir. Je mettrai tous les atouts de mon côté car une fois le coup d’envoi donné, les dés sont jetés. Le défi pour moi c’est d’être performant à chacune de mes sorties avec le club. Mes objectifs personnels riment avec ceux du club ; d’abord avoir une bonne position et aller chercher quelque chose de plus sans complexe. Parce que quand le championnat commence, on a tous 0 point. Chaque club a envie de prendre des points y compris Strasbourg qui veut aller le plus loin possible. Je suis un habitué de la Ligue 1.

Parlez-nous un peu de votre passage en équipe nationale…

Ma dernière sélection, je crois que c’était à Abidjan contre la Côte d’Ivoire lors des éliminatoires de la CAN 2013 avec Joseph Koto. En tant que joueur qui a porté le maillot national, j’ai toujours l’équipe du Sénégal dans le cœur. C’est un passage que j’ai beaucoup apprécié, avec beaucoup de fierté. Je me suis retiré mais je reste un grand supporter de l’équipe nationale, comme tant d’autres. Je souhaite que cette génération gagne quelque chose, étant donné que nous n’avons pas eu la chance de le faire. Il faut les encourager et les laisser travailler. Malheureusement, ici au Sénégal on critique beaucoup et parfois pour rien. Alors qu’aujourd’hui, on a besoin de temps. Il ne faut pas penser que le Sénégal doit gagner coûte que coûte. Quand le moment viendra, tout sera simple. Dieu seul sait ce qui arrivera.

Selon vous, qu’est-ce qui manque à l’équipe ?

Dans le football, il y a le travail, puis la compétition et il y a aussi ce que l’on doit mettre pendant cette compétition. Je sais que le peuple attend cela depuis des années, c’est vrai que souvent on est déçu par rapport aux générations qui se succèdent. Moi, je reste persuadé que quand une génération va gagner la CAN, on n’aura même pas besoin de faire tout un tas de commentaire parce que ça se fera naturellement. Quand le Sénégal sera supérieur à ses adversaires on gagnera mais, pour le moment, comme ce n’est pas le cas, il faut laisser l’équipe faire son boulot et on verra bien. Et s’ils n’y arrivent pas, il y aura d’autres qui vont venir pour amener quelque chose de plus à cette équipe. Ce n’est pas en critiquant qu’on va triompher.

Vous êtes trentenaire et toujours dans le haut niveau. Quel est le secret de Kader Mangane ?

Mon secret, je suis toujours content et je prends du plaisir à jouer. Dans toutes les disciplines, seul le travail peut donner de la satisfaction et de la garantie. Moi, j’ai toujours travaillé dur et inlassablement pour être dans le haut niveau. Et peut-être aussi mon hygiène de vie. Voilà, je fais tout ce qui est possible pour mettre tous les atouts de mon côté afin d’être performant et bien physiquement pour pouvoir tenir. Jusqu’à maintenant ça me réussit et je continue sur cette unique lancée : le travail. Souleymane Camara qui a joué la CAN et le Mondial 2002 est toujours en activité et fait du bon travail dans son club, tout comme Henri Camara qui, lui, reste un exemple pour les jeunes qui veulent faire une carrière pleine. Il faut savoir planifier et gérer sa carrière.

Le Sénégal va vers des qualifications au Mondial et à la CAN, quels messages lancez-vous à vos successeurs ?

J’ai vu les trois premiers matchs où le Sénégal a fait une forte impression car tous les arguments étaient là. Les anciens, les nouveaux ont tous montré un esprit de gagneur. Je trouve que l’équipe a tout mais pourquoi ça ne marche pas c’est difficile et compliqué à expliquer. J’ai été très déçu comme tous les Sénégalais. Je suis convaincu que l’on réussira à gagner quelque chose un jour. Les joueurs, je leur dis qu’à chaque fois qu’ils ont l’opportunité de porter le maillot national, d’en profiter avec fierté et dignité. Il y a tant de jeunes qui veulent porter ce maillot. Aujourd’hui, les sélectionnés doivent se donner à fond pour ne pas nourrir de regrets.

Kader a-t-il des regrets dans sa carrière ?

Je suis très fier de ma carrière. Je n’ai aucun regret, le passé c’est le passé et on ne peut plus y revenir. Quelles que soient les décisions prises, je préfère garder les bons souvenirs car les mauvais ne nous font pas avancer.

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