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L’histoire de Khadim Ndiaye,  gardien de but de l’Equipe nationale de football, enchante. L’international sénégalais de 31 ans qui a grandi au populeux quartier de Keur Serigne Est à Louga, où vivent toujours ses parents, y a laissé ses empreintes indélébiles. Le talentueux footballeur, né à Saint-Louis,  crayonné  par ses parents comme un enfant très turbulent, a bataillé ferme pour devenir un sportif professionnel.  

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Keur Serigne Est, il est 13 heures et quelques pincées de minutes. En cette période de la journée, les rues du quartier sont désertes. La  forte canicule qui sévit dans la capitale du Ndiambour, est passée par là. Elle a contraint les habitants  du coin  à se terrer chez eux. Seuls, trois (3) jeunes garçons, écoutant religieusement la radio, sous l’ombre d’un grand arbre, sont dehors. Le trio, à quelques heures du coup d’envoi  du match Sénégal-Niger (2-0, samedi 26 mars), est  déjà entré de plain-pied dans la rencontre. Contrairement à plusieurs  jeunes du quartier, qui ont effectué le déplacement vers Dakar, pour prêter main-forte à leur ancien camarade de jeu, en l’occurrence Khadim Ndiaye, gardien de but de l’Equipe nationale du Sénégal, la bande a préféré suivre le match à distance. Alors, dès qu’on prononce le nom de leur idole, un membre du groupe nous coupe et pointe son doigt vers  l’ouest : «Mame Khadim est notre ami. Il habite dans cette maison en construction…» Notre interlocuteur ne s’est pas trompé. C’est ici où vit effectivement la famille de l’ancien pensionnaire de la Linguère de Saint-Louis. Sa mère, Ndèye Mbayang Diallo, trouvée dans sa chambre en train de regarder la télévision, nous accueille à bras ouverts. Sans protocole, elle rouvre son cahier-souvenirs.

Khadim Ndiaye et  le  Magal de Touba 

L’histoire de Khadim Ndiaye est intimement liée au  Grand Magal de Touba. Le gardien de but est né à Saint-Louis, en 1985, le jour commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba. Son père, Amadou Anta Ndiaye, fervent disciple mouride, revient sur cette naissance assez singulière : «C’est au moment où je faisais mes bagages pour me rendre à Touba, que la grande sœur de ma femme est venue pour m’annoncer que celle-ci, à terme, est évacuée à l’hôpital. Subitement, je me suis assis et j’ai demandé à Dieu de me donner un enfant de sexe masculin qui portera le nom de Serigne Touba. Quand je suis revenu à la maison vers 14 heures, la naissance de mon enfant m’a été annoncée. C’est pourquoi, Khadim Ndiaye est, depuis sa naissance, mon préféré. D’ailleurs, tous mes enfants le savent.» En effet, 6 mois après la naissance de son enfant chéri, Ndèye Mbayang Diallo a quitté son Saint-Louis natal, pour rejoindre le domicile conjugal à Louga, au quartier Keur Serigne Est, où elle vit toujours. Dans ce populeux quartier, le chérubin très choyé par un père enseignant, à cheval sur les principes, a poussé sous l’aile protectrice d’une maman-poule. Déjà à l’âge de 6 ans, le garçonnet est inscrit à la prestigieuse école «Sos», où il a fait un cursus scolaire, sanctionné par l’obtention d’un Certificat d’étude élémentaire et la réussite au Concours d’Entrée en 6e.

Môme très turbulent

Cependant, avant de décrocher son sésame qui lui a ouvert grandement les portes du Cem Massamba Siga Diouf, l’adolescent Khadim Ndiaye, très turbulent, a fait voir à sa famille des vertes et des pas mûres. Ndèye Mbayang Diallo témoigne : «Khadim aimait trop le sport. Il faisait le tour de la ville pour disputer des rencontres avec ses camarades de jeu. Mais, je ne voulais pas qu’il sorte de la maison, car il était très turbulent. Il se battait pour un rien. C’était la terreur de ses camarades d’âge. J’ai souffert durant son enfance. Chaque jour, au moins une dizaine de femmes venaient à la maison pour se plaindre, car il frappait leurs enfants. Finalement, j’avais trouvé une astuce, en mettant dans ma chambre un pot rempli de pièces de 10 FCfa et un autre contenant des billes, dans le but de dédommager ses nombreuses victimes.» Cependant, d’après Mme Ndiaye, «Khadim Ndiaye était certes un enfant très turbulent, mais il a toujours eu un cœur d’or». Elle argumente encore : «Un jour, de retour d’une commission à la boutique du coin, vers 15 heures, Mame Khadim qui ne portait qu’une chaussure au pied, marchait en sautant à cause de la chaleur. Quand j’ai fait la remarque, je l’ai grondé en lui sommant d’aller chercher l’autre chaussure. Yeux larmoyants, il m’a dit qu’il l’a donnée à un mendiant qui n’avait pas porté de sandale. Je voulais le frapper, mais finalement j’ai compris qu’il voulait seulement aider un camarade qui marchait sous le chaud soleil. Souvent, quand il allait au terrain, il  portait 2 culottes et revenait rarement avec toutes les deux. Vraiment, je suis gênée de faire certains témoignages sur mon fils, mais toute la famille reconnaît que c’est un garçon qui a un bon cœur.»

La chute sur  la dalle d’une fosse septique

Fils d’une  athlète et d’un basketteur, Khadim Ndiaye a très tôt chopé le virus du sport. Déjà à l’école élémentaire, il s’est très tôt distingué par son talent d’attaquant de pointe : «Il portait le numéro 9. C’était un grand buteur», se rappelle Mouhamed Ndiaye, entraîneur adjoint du Ndiambour de Louga, qui a guidé ses premiers pas dans le football. Le mental de gagneur toujours en bandoulière, l’attaquant de pointe du centre «Afsis» de Louga a gagné son premier match à l’âge de 14 ans. Son père, Amadou Anta Ndiaye, ouvre lui aussi son album-souvenirs : «Khadim qui figurait toujours parmi les 5 premiers de la classe, s’était classé 6e, pendant les compositions. J’étais très remonté contre lui. C’est ainsi, que j’avais pris la décision de l’éloigner du terrain afin qu’il se concentre davantage sur ses études. Avant  même que je termine mes mises en garde, son centre de football (Afsis) qui devait disputer un match à Kaolack, a garé une voiture devant la maison pour le prendre. Je suis resté catégorique. J’ai dit à ses encadreurs que mon fils ne partira pas. Mais, quand la voiture a redémarré, Khadim, sachant certainement qu’il ne prendra pas part à cette rencontre, est subitement tombé à la renverse. Il a cogné sa tête sur la dalle de la fosse septique et s’est évanoui. J’avais beaucoup regretté mon geste. Depuis, je n’ai plus songé à l’interdire de jouer, car je ne savais pas qu’il aimait le sport à ce point.» Après cet épisode, le jeune Khadim avait les coudés franches pour vivre sa passion, sans pression.

Gardien de but par pur hasard

Khadim Ndiaye, qui a joué en catégorie Cadette   à Afsis et à l’Amicale des jeunes de Louga (Ajl) de feu Pape Gallo Guèye, était un redoutable attaquant de pointe. D’ailleurs, conscient de son potentiel et de ses prédispositions, mais n’ayant pas l’âge de jouer en catégorie Junior, il pleurait devant les dirigeants  de son équipe de quartier (Asc Khayegui) leur suppliant de «régler la situation». «C’est pourquoi, l’année suivante, pour éviter de le voir pleurer tous les jours,  je lui ai contraint d’aller passer les vacances chez mes parents à Saint-Louis. Et la même année, il a intégré l’équipe des Hlm», explique encore sa mère. En effet, c’est dans la capitale du Nord que la carrière du jeune Ndiambour-Ndiambour a connu une nouvelle tournure. «L’Asc Hlm disputait une finale. Khadim  Ndiaye, leur  attaquant de pointe, a inscrit un but. Et quelques minutes plus tard, le gardien de son équipe a écopé d’un carton rouge. Alors, très audacieux, il a pris le risque de le remplacer. Au cours de la rencontre, il a stoppé deux pénaltys et l’Asc Hlm a remporté la Coupe. A la fin du match, Moustapha Ndiaye, président de Saint-Louis Foot Centrer, qui était à la recherche d’un gardien de but, l’a repéré. C’est comme ça qu’il est devenu gardien un but. D’ailleurs, par l’entremise de ce centre, il a fait beaucoup de tests en Europe», ajoute aussi son père, qui le définit comme un «enfant exemplaire».

Deux trophées départementaux en une soirée

Le gardien de but d’Horoya Ac de la Guinée a certes gagné plusieurs titres. Mais selon Mouhamed Ndiaye, les deux trophées départementaux qu’il a remportés en une soirée, sont sa plus grande fierté. «En 2007, année à laquelle le mouvement navétanes était scindé en deux (Oncav et Oncam), Khadim Ndiaye avait remporté, en une soirée, deux coupes départementales. Jouant pour le compte de l’Asc Marmath de Louga, qui disputait la finale départementale de l’Odcav face à Penc, nous avons gagné par deux (2) buts à zéro. Quand, le match s’est terminé à 20 heures, le président de l’Asc Maison-Blanche de Saint-Louis, qui devrait jouer la finale départementale de l’Oncam à 22 heures, a, séance tenante, conduit le gardien dans la capitale du Nord, afin qu’il garde ses cages. D’ailleurs, il a joué avec le même maillot, car il n’avait pas le temps de se changer. Les deux équipes ont été départagées à la série de tirs au but et Khadim avait stoppé 2 tirs avant de donner la victoire à son équipe. La même année, il a  tourné définitivement le dos aux navétanes», explique encore, Mouhamed Ndiaye, son premier coach.

Khadim Ndiaye et le crochet de la discorde

Ex-attaquant de pointe très technique, devenu gardien de but talentueux, Khadim Ndiaye est aussi un garçon très audacieux. Il en a administré la preuve en mars 2011, contre le Cameroun à Dakar, lors de la troisième journée des éliminatoires de la Can 2012. L’international camerounais, Samuel Eto’o, a eu la surprise de sa vie en voulant chiper la balle entre les pieds du gardien sénégalais. D’un geste technique très remarqué, Khadim Ndiaye a envoyé l’attaquant balader, en lui administrant un beau crochet, avant de donner la balle à son coéquipier. Cependant, au lieu de lui tresser les lauriers pour saluer son courage, le gardien sénégalais a été voué aux gémonies. Son indiscipline mise en exergue. Mouhamed Ndiaye évoque ce dur moment : «Pendant cette période, toutes sortes de quolibets ont été injustement jetées sur Khadim. Les gens l’ont jugé sans même le connaître. Certes, sa témérité et son audace plaident en sa défaveur, mais je jure devant Dieu que je l’ai bien éduqué. Il est très différent des garçons de sa génération. Hormis sa turbulence (quand il était enfant), nous ne lui connaissons que du bien. C’est lui, qui équipe tous les gardiens de but du quartier.» Le pater, Amadou Anta Ndiaye, embraie : «Je suis enseignant, je ne badine pas avec l’éducation de mon enfant, surtout quand celui-ci porte le nom de mon marabout. Il est très correct et respectueux envers ses parents. D’ailleurs, il ne fait rien sans nous avertir. Vraiment, c’est mon complice. Ceux qui le jugent ne le connaissent même pas.»

Parcours

Junior

1997 – 2006 Espoir de Saint-Louis.

Senior

2007-2009 – Casa-Sport

2009-2012- Linguère de Saint-Louis

2012- Kalmar FF (Suède)

2013- Jaraaf de Dakar

2014- Horoya Ac (Guinée)

Palmarès

Champion du Sénégal en 2009

Vainqueur de la Super coupe de Guinée en 2014

Champion de la Guinée en 2015

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