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C’est avec «un grand plaisir» qu’Habib Bèye a foulé le sol sénégalais dont il a porté le maillot entre 2002 et 2008, pour venir présenter, avec notre confrère Aboubakry Bâ, le programme, «fête du football», que la chaîne Canal+ compte dérouler pendant l’Euro et la Copa América, du 3 juin au 10 juillet. En marge de la cérémonie, l’ancien Lion s’est prononcé sur l’équipe nationale. Les performances, le jeu des et les qualités des Lions, la méthode Aliou Cissé et l’accompagnement dont il a besoin, les critiques, les différences entre l’équipe de 2002 et celle de nos jours, la nécessité de gagner un titre et d’aller au mondial, la difficulté pour le Sénégal de passer le premier tour de la Can depuis plusieurs éditions…,l’ancien défenseur de la Tanière, reconverti en consultant à Canal+ explique…

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Quelle appréciation portez-vous aujourd’hui sur l’équipe nationale ?

Il y a les résultats. Cela prouve qu’aujourd’hui, la méthode Aliou Cissé fonctionne. Il y a un staff qui a été mis en place et qui essaye de faire de cette équipe, une équipe compétitive. Je pense qu’il est important d’avoir une continuité et des structures mises en place pour que l’équipe puisse grandir. Nous, notre génération de 2000, on ne sait pas fait en un mois. On a travaillé ensemble. C’est vrai que nous sommes arrivés à un bel aboutissement, mais malheureusement, nous n’avons pas gagné de titres. Puisse cette équipe remporter une coupe d’Afrique et aller en coupe du monde, parce que je crois qu’Aliou, pour son travail, le mérite et on a de très bons joueurs.

Le jeu de l’équipe est critiqué. A votre avis, à quel niveau faut-il apporter des correctifs?

 Il y a toujours des correctifs à faire. Vous savez, nous aussi, notre génération, on a été critiqué. Les choix de Bruno Metsu et d’autres sélectionneurs l’ont été. Je crois qu’aujourd’hui, malheureusement, c’est tout le temps le cas. Je suis aujourd’hui consultant, et il m’arrive de critiquer dès fois des choix. On est là pour ça ; les journalistes le font aussi. Je pense que ce qui est important, c’est de garder une ligne directrice, de bien travailler, d’essayer de rester serein dans le travail et ne pas se laisser polluer par ce genre de discours. Après on est là pour ça (critiquer) encore une fois. Mais j’ai l’impression aujourd’hui que cette équipe, elle travaille ; elle travaille bien. Aujourd’hui elle a quand même 12 points. C’est une équipe qui n’a pas perdu et qui va se qualifier surement pour la coupe d’Afrique. Pour l’instant le travail est bon.

On a vu que beaucoup de Sénégalais sont aujourd’hui présents dans les plus grands championnats, alors que pour votre génération, c’était surtout en France. A votre avis, qu’est-ce que cela fait pour le football sénégalais ?

 C’est toujours une bonne chose (d’avoir des joueurs dans les plus grands championnats). Si on prend exemple, le cas de Sadio Mané qui est à Southampton, qui n’évolue pas dans la meilleure équipe en Angleterre, mais c’est une équipe qui a fait un bon championnat. Il a été très bon en Première league. Aujourd’hui c’est important d’avoir des joueurs dans des plus grands championnats. Je ne pense pas que ça soit un handicap. On en avait dans notre génération. C’est vrai qu’au départ, beaucoup jouaient en France, mais après El Hadji Diouf est parti à Liverpool, Salif Diao également. Certains joueurs sont partis en Angleterre. Donc ce n’est pas un problème. Le plus important c’est d’avoir des joueurs compétitifs et qui jouent régulièrement en club. Vous savez que même si vous êtes au Real Madrid et que vous ne jouez pas, vous ne serez peut-être pas performant en sélection. Ça ne veut pas dire que vous serez meilleur que quelqu’un qui joue en France ou dans un autre championnat. Mais si lui, joue tous les matchs et qu’il a de la compétition, ça peut être un atout essentiel. Donc ce n’est pas une question de club, c’est surtout une question de compétitivité. Aujourd’hui, l’avantage qu’Aliou Cissé, c’est que les joueurs qu’ils a à sa disposition sont titulaires dans leurs clubs. Et ils sont performants surtout. On pense à Mame Birame Diouf qui a eu des moments difficiles, mais on voit qu’avec Stoke City, à chaque fois qu’il est titulaire, il fait de bons matchs. Sadio a été exceptionnel cette saison. Il faut espérer pour lui qu’il trouve un grand club. Aujourd’hui, on a des joueurs de qualité et surtout un entraineur qui a envie que ce pays réussisse. C’est ça le plus important.

On a vu que vous, génération de 2002, n’aviez pas gagné de titres comme vous l’avez souligné. Aujourd’hui qu’est-ce qui vous manquiez et que vous retrouvez dans cette équipe?

Je pense que notre génération a été plus ou moins exceptionnelle, avec des joueurs de qualité. Je ne pense pas que cette équipe puisse avoir la qualité que nous nous ne pouvions avoir en 2002. Nous avions des joueurs exceptionnels comme El hadji Diouf, Khalidou Fadiga ; des joueurs qui pour moi, auraient pu jouer dans les plus grands clubs européens. Aujourd’hui, c’est plus un collectif qui fonctionne avec Aliou Cissé. A part Sadio, il n’y a pas de joueurs qui se dégagent comme stars réelles dans cette équipe. Parce que le plus comportant aujourd’hui, c’est de faire un groupe. La force qu’on a eu en 2002, c’est d’avoir ces deux joueurs hyper talentueux. Et puis, avoir des joueurs comme Aliou Cissé, Ferdinand Coly, Lamine Diatta, qui avaient cette faculté de réunir le groupe. Et c’est ce qui fait les performances. Vous savez, en coupe du monde, personne ne nous attendait, mais on a réussi… avec ce groupe de 23 joueurs et le staff. J’ai toujours une pensée pour Bruno Metsu et Jules Bocandé, qui ne sont plus là aujourd’hui et qui composaient ce staff. Vous savez, les individualités c’est important aujourd’hui dans une équipe. Mais vous ne gagnez qu’avec un groupe. Malheureusement pour nous, on est passé pas très loin de ça. Avec une finale en coupe d’Afrique Et je pense que le parcours en coupe du monde a été plus qu’accompli. On s’est arrêté en quart de finale. On aurait pu aller plus loin, mais c’était déjà une très grosse performance.

Depuis 2002, le Sénégal ne réussit plus à passer le cap du premier tour. Qu’est-ce qui explique cela à votre avis ?

 On a eu des moments difficiles. Cette équipe a eu du mal à se régénérer. On a eu du mal à la mettre en route. Moi j’ai arrêté en 2008 pour une bonne et simple raison; mais pas parce que je n’avais plus envie de jouer avec l’équipe du Sénégal. Mais arrivé en 2009, je considérais qu’on avait tout apporté; qu’on avait tout donné, et qu’l fallait amorcer un tournant pour que cette équipe puisse se régénérer. C’est vrai qu’on a eu de bons joueurs, mais on n’a jamais réussi à trouver l’osmose dans le groupe. C’est ce qui est en train de se passer avec Aliou. Il fait du bon travail. Il faut lui laisser du temps. C’est vrai que vous (journaliste) êtes toujours assez critiques. C’est peut-être parce que vous avez connu le meilleur il y a quelques années. Mais ça c’est normale. Dans toutes les sélections on ne vous épargnera pas. Mais le plus important, c’est de lui donner le temps pour amener cette équipe au plus haut niveau. Vous savez, une coupe d’Afrique ça ne se gagne pas en un an. Et peut-être que le travail qui a été effectué il y a cinq, six, sept ou dix ans, un jour, portera ses fruits.

Cette équipe vous paraît-elle être la digne héritière de celle de 2002 ?

 Est-ce que cette équipe est aujourd’hui la digne héritière de ce que nous, on a été? Comme nous, est-ce que nous étions les dignes héritiers de ceux qui nous ont précédé, avec les Jules Bocandé et autres? Je pense qu’il ne faut jamais comparer les générations? Parce que c’est incomparable. Nous, on a écrit notre histoire. C’est à eux d’écrire la leur. Ils ont un potentiel pour le faire. Et on voit qu’en qualification, ça se passe bien. Ensuite, la compétition c’est autre chose. Il faut gérer le côté émotionnel. Ce n’est pas juste le talent. C’est aussi les équipes que vous rencontrez en coupe d’Afrique et qui sont très déterminées. Le contexte (de la Can) est difficile. rappelez-vous, en 2004 on était les grands favoris de la compétition en Tunisie, mais on a été sorti très rapidement en quart de finale. Alors qu’en 2002, personne ne nous voyait passer le premier tour, et on a été jusqu’en finale; pareil pour la coupe du monde. Il n’y a aucune vérité absolue dans le football. Le football aujourd’hui a, cette forme de magie qui fait qu’il est indécis. Tout peut tourner très vite. Mais j’ai confiance en Aliou et son staff. Et que ces joueurs feront leur mieux en coupe d’Afrique, parce qu’ils y seront, on en est sûr. il leur manquent un petit point.

-Jotay.net

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