Grandeur et décadence de la doyenne des équipes
L’Asc Dagoudane, située dans la commune d’arrondissement de Pikine-Ouest, a été créée en 1974. Ce qui fait d’elle la doyenne des équipes du national pop au niveau du département de Pikine.
Mais cette Asc au passé glorieux, qui a révélé des joueurs de talent, n’a plus connu le succès depuis 18 ans. Walf Sports a cherché à trouver les raisons de cette longue traversée du désert.
C’est ainsi le premier jet d’une série de Focus sur… certaines Asc mythiques en léthargie.
Dans le département de Pikine, l’Asc Dagoudane fait partie des premières entités du championnat national de football de masse communément appelé navétanes. Nichée dans la commune d’arrondissement de Pikine-Ouest, elle a été formée en 1974. C’est le fruit de la fusion entre les Asc Mélakh et Stade de Pikine.
Cette conjugaison est, en effet, le socle en béton qui a fait de Dagouane la plus grande équipe de tous les temps, dans cette partie de la banlieue. La doyenne des Asc pikinoises.
Un ancien du club, Tassirou Diallo, raconte : «A l’époque, Dagoudane était bien structuré. Dans l’encadrement administratif et technique, il y avait des cadres qui évoluaient dans tous les domaines de la vie et des universitaires. On ne se focalisait pas seulement sur l’aspect sportif. La culture et le social avaient aussi une place prépondérante.» Et de poursuivre : «Tout au long des trois mois que duraient les navétanes, les étudiants du quartier rassemblaient les élèves pour des cours de renforcement. On favorisait aussi l’enseignement coranique et la formation de «dahira». Concernant l’animation culturelle, ce sont les femmes qui s’en chargeaient. Elles organisaient les «khoubeul» après chaque match. Tout cela participait au renforcement des liens de fraternité et de solidarité entre les habitants du quartier. Nous étions une seule famille.»
Cela avait, naturellement, des répercussions positives sur le plan sportif. L’Asc Dagoudane a longtemps exercé un règne sans partage. Avec les plus illustres joueurs pikinois. On peut citer Tassirou Diallo, Mame Mbaye Sidibé, Aly Diallo, Beuze, feu Achille Niang, Lamine Gadiaga, Cheikh Diouf… Les exploits de ceux-là ont permis à Dagoudane de garnir son armoire à trophées de 17 couronnes zonales, 5 couronnes départementales et une coupe de la Cemaine de la jeunesse de la région de Dakar (qui était à l’époque l’équivalent des phases régionales).
Tassirou Diallo, capitaine et meilleur butteur d’alors, confie : «Nous avions une équipe qui ressemblait à une sélection des meilleurs joueurs de Pikine. Chacun de nous évoluait en même temps dans l’élite nationale, en 1re division. Nous étions des titulaires dans nos clubs. C’était un groupe d’excellents joueurs. Il y avait aussi une pépinière de jeunes talents. Ils étaient formés au niveau de l’Asc. Chaque année, certains d’entre eux intégraient l’équipe des seniors. C’est cette organisation qui n’existe plus au niveau de l’Asc.»
Ce qui, pour l’ancien attaquant de la Police et de l’équipe nationale, est à l’origine de la décadence de Dagoudane.
Un autre ancien joueur du club, Mame Mbaye Sidibé, acquiesce : «Aujourd’hui, si le niveau technique de nos joueurs est faible, c’est dû au fait qu’ils n’ont pas une bonne formation de base. Il leur manque un suivi. Par exemple, de notre temps, il y avait des dirigeants qui nous encadraient. Ils nous suivaient sur le plan sportif et en dehors des terrains. Ce qui leur permettait de pouvoir nous évaluer.»
En plus de ce manquement, la création d’autres Asc au sein du quartier a aussi participé à précipiter Dagoudane dans le gouffre. La naissance de ses flancs des Asc Cité Stagd, Bokk Jëf et Diamono n’était pas sans conséquence. En effet, indique le dirigeant Alassane Diouf, «cela a diminué notre base affective. Nous avons aussi perdu des dirigeants de dimension exceptionnelle et des joueurs de qualité».
Ainsi, depuis 1994 (l’année de son dernier titre zonal) l’Asc Dagoudane ne joue plus les premiers rôles au niveau de la zone 1 de Pikine. Elle peine à dépasser l’étape des demi-finales. Cette année, elle a été éliminée au premier tour.
