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La carrière d’un footballeur “tient au talent, au mental et au coup de destin”, soutient Baye Oumar Niasse, l’attaquant international sénégalais d’Everton (Premier League anglaise), invoquant sa trajectoire personnelle.
Ce footballeur sénégalais, qui a fait ses classes à l’US Ouakam, dans le championnat sénégalais, avant de rejoindre Akhisarspor (Turquie) et le Lokomotiv Moscou (Russie), appelle les footballeurs ambitionnant de faire carrière à ne se fixer “aucune limite’’.
Pour Niasse, tout a commencé à l’US Ouakam, la bonne et grande école. Et déjà, il a fallu se serrer les dents pour s’imposer dans le club fanion du village traditionnel du même nom, à Dakar, sachant qu’on sera toujours étiqueté comme un étranger.
Il a fallu y croire pour quitter chaque matin son quartier à bord de “Ndiaga Ndiaye” et de bus “Tata’’, des moyens de transport tous plus inconfortables les uns que les autres, pour poursuivre son rêve, au prix de beaucoup d’incompréhensions avec des supporters qui en redemandaient toujours plus.
“Ils étaient durs avec moi” mais “après, j’ai compris qu’ils ont cru avant moi-même en mes capacités à aller de l’avant. Et pour tout cela, ils sont à remercier parce qu’ils m’ont permis de me forger un mental, de savoir se serrer les dents quand ça ne va pas”, analyse l’intternational sénégalais.
“A l’US Ouakam, il y a eu la formation du footballeur mais aussi de l’homme tout court, parce que nous avons réussi à nous contenter de peu pour arriver au bout : un premier titre de champion en 2011 et une sélection avec l’équipe locale vainqueur du tournoi de l’UEMOA la même année”, ajoute l’attaquant d’Everton.
“Cette saison réussie en 2011, avec pour la première fois une cinquantaine de matchs en championnat et des sélections en équipe nationale locale dans les jambes, se termine par un prêt en Norvège. En temps normal, un happy end pour un footballeur local’’ qui signe son premier contrat professionnel, avance le joueur.
          Prêt au SK Brann (Norvège)

“Mais rien de tel dans mon cas, puisqu’il y a eu comme une incompréhension, une maldonne avec l’agent. Au lieu d’un transfert, c’est un prêt. Les promesses n’ont pas été tenues, mais puisqu’il fallait passer par là, pas de problème. Sauf que rien n’a marché comme souhaité à cause de l’accumulation de matchs la saison dernière”, ajoute-t-il.

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“Des blessures au genou et des adducteurs qui sifflaient ne m’ont pas permis de réussir dans un championnat largement à ma portée. A quelques jours de la fin de la saison, explique Baye Oumar Niasse, le verdict tombe, le club norvégien n’allait pas lever l’option d’achat. Faut-il tenter l’aventure en France ou dans un autre championnat mineur ? Finalement résolution a été prise de revenir à la case départ malgré le regard des gens’’.
“Des moments difficiles” avec ce retour à l’US Ouakam, “dans le train-train de l’amateurisme avec des terrains sablonneux, caillouteux pour s’entraîner et des équipements inexistants, au contraire du SK Brann, où il y a une voiture pour aller à l’entraînement et où tout était en place dans les vestiaires avant le démarrage de la séance d’entraînement”, se souvient l’attaquant international.
“Le peu d’économie a été vite englouti par les trajets en taxi et l’obligation était de revenir au moyen de transport habituel, bus Tata et Ndiaga Ndiaye. Et les supporters qui ne te lâchaient pas d’une semelle parce qu’on est supposé devoir régler tous les problèmes du club’’, se rappelle-t-il encore.
“Heureusement, quand on a envie de s’en sortir, le Bon Dieu est toujours à côté et contrairement ce qui a été pensé, les clubs professionnels continuaient de toquer à la porte, c’est Brest en Ligue 2 française dont l’entraîneur a eu la bonne idée d’être présent à Diambars lors d’un match à Saly Portudal et
l’AS Saint-Etienne. Le choix est vite fait, ce sera des tests avec l’ASSE qui ne donnèrent pas de suite après deux semaines”, souligne Baye Oumar Niasse.
Dans ce contexte, Akhisarspor sera “le début de l’aventure”. “Exit la piste Saint-Etienne, il y a deux choix, Brest ou la Turquie. Nul ne peut savoir pourquoi la piste turque a été choisie en définitive, alors que tout devait être ficelé entre mes dirigeants et le club français’’, fait observer le footballeur sénégalais.
“D’ailleurs, il y a une grosse fâcherie avec mon président à ce sujet, quand j’ai décidé d’aller en Turquie dont le championnat m’a été vanté par mon ami et ancien défenseur de l’équipe nationale, Ibrahima Sonko. L’intuition et le projet proposé par Sonko ont été les bons, puisque le feeling a vite pris avec le staff, les coéquipiers et les supporters qui sont des férus de football”, souligne le joueur.
Sur le terrain, poursuit-il, “tout marchait comme sur des roulettes. Les stades étaient pleins, les supporters super sympas et les dirigeants à l’écoute. La réussite était au bout et les grands clubs turcs commençaient à s’informer et à prendre des contacts”.
    Le passage au Lokomotiv Moscou en Russie

“Des propositions de grosses écuries turques comme Galatasaray tombent : mais il fallait attendre la fin de la Coupe du monde 2014. Finalement, on a préféré aller au Lokomotiv Moscou qui proposait un bon salaire et six millions d’euros à mon ancien club”, relève Niasse.

“C’est le club où il y a eu la confirmation de ce qui a été fait depuis l’US Ouakam jusqu’en Turquie. Arriver dans un club russe où il y
avait déjà deux attaquants de niveau international, à savoir le Sénégalais Dame Ndoye et le Russe Roman Pavlyunchenko et réussir, ce n’était pas évident”, dit-il.
“Et en vérité, il a fallu attendre, parce que le premier coach ne faisait jouer que ces deux attaquants et quand il a été remplacé par un nouveau venu, celui-là avait fait venir un autre attaquant. Mais Dieu a décidé que mon étoile allait briller dans le froid russe, j’ai eu la chance d’entrer et chaque fois que ça se faisait, il y avait de la réussite au bout”, indique Baye Oumar Niasse
“Aussi bien en championnat, en coupe de Russie qu’en Europa League, tout allait dans le sens souhaité, au grand plaisir des dirigeants et des supporters jusqu’à ma nomination au titre de meilleur footballeur de Russie vers la fin 2015”, assure Baye Oumar Niasse.
“Là, d’immenses boulevards se sont ouverts. Les clubs devaient se dire qu’un footballeur africain qui réussit en Russie avec le froid, le racisme, la longueur des voyages dues aux énormes distances d’une ville à une autre, pourrait réussir partout. Et il n’y a pas eu seulement Everton, même si c’est ce dernier qui a finalement remporté le morceau”, note-t-il.
“A Everton, il s’agira encore une fois de jouer, d’élever le niveau de jeu pour atteindre la Ligue des champions ou évoluer dans un club beaucoup plus coté, parce que le fil rouge, quand on a démarré sur les terrains caillouteux du Sénégal, c’est de ne se fixer aucune limite”, affirme Baye Oumar Niasse.

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