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  Aucune équipe africaine (sur cinq engagées) en huitièmes de finale de la Coupe du monde, pour Yaya Touré, trop, c’est trop : l’Ivoirien revient sur cette situation bien délicate et propose même quelques solutions pour faire grandir son continent.

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«C’est forcément tentant, mais ce serait à la fois trop facile et trop dangereux de se cacher derrière deux cartons jaunes en trop ou un VAR pas forcément favorable ni convaincant pour expliquer la faillite des sélections africaines. Oui, le Maroc a montré de très belles choses. Oui, le Sénégal avait largement les moyens d’aller plus loin. Mais, à l’arrivée, l’Afrique ne compte aucun représentant en huitièmes de finale (NDLR : une première depuis 1982, avec, à l’époque, deux représentants africains). Et la malchance et la naïveté ne peuvent pas tout expliquer ni justifier.
«On va changer les sélectionneurs en place en faisant croire que les solutions ont été trouvées.»
Soit on continue de fermer les yeux et de se lamenter contre le mauvais sort, soit on agit. Vraiment. Arrêtons de nous chercher des excuses sans arrêt. L’Afrique doit prendre conscience qu’elle ne peut pas miser tous les quatre ans sur un miracle pour essayer de faire croire que tout va mieux. Si on ne dit rien et si on continue de ne rien faire, je sais ce qu’il va se passer : on va changer les sélectionneurs en place en faisant croire que les solutions ont été trouvées. Mais ça, c’est une mascarade qui dure depuis trop longtemps en Afrique. On préfère reporter la faute sur une personne plutôt que sur un système et une organisation. Pourtant, c’est de là que tout part. Des fédérations qui, la plupart du temps, ne font que de la “paperasse” et des petits arrangements entre amis plutôt que de mettre en place les conditions et les bases d’un football solide. Qui empêche les membres de ces fédérations africaines d’aller voir comment ça se passe, par exemple, en France ou au Brésil ? Pas pour trouver le nouveau Neymar, mais pour s’inspirer de structures solides… En Afrique, on préfère passer notre temps à tourner autour de la maison, mais on n’y entre jamais. On parle beaucoup, mais personne n’adopte le même langage. À chaque fois, c’est pareil : il y a de belles promesses, mais aucune discipline ni suite dans les idées. C’est une vraie cacophonie.
«Que l’on chasse tous les inutiles qui encombrent les bureaux des fédés !»
Comment se sortir de cet enlisement si on ne veut pas disparaître du très haut niveau ? En reprenant tout de la base ! Commençons d’abord par structurer les Championnats locaux plutôt que de tout mettre en œuvre pour vendre les meilleurs joueurs. La faiblesse de nos Championnats reste un frein. Si l’on ne veut plus voir nos jeunes talents tenter des paris insensés et risqués en partant à l’aventure avant même leur majorité plutôt que de continuer à se former au pays, mettons des moyens dans la formation. C’est ça l’avenir. Qu’on arrête de dire que l’Afrique n’a pas d’argent. Il y en a, mais seulement il continue d’être soit mal utilisé, soit détourné.
Je crois enfin que les grandes voix de l’Afrique ont également leur responsabilité. Elles doivent se faire davantage entendre au niveau des institutions et des instances. Que l’on écoute les Abedi Pelé, les Eto’o, les Drogba, les Kalou, les Okocha. Mais qu’on ne fasse pas semblant. Tous ces grands-là ont beaucoup à donner, à enseigner. Créons les conditions pour les associer à des réflexions concrètes. Le très haut niveau, ça ne s’improvise pas. Mais ça peut se transmettre. Que les fédérations arrêtent de penser à leur petit confort. Les grands joueurs ne veulent surtout pas piquer des places ou des postes, mais juste les aider à mieux appréhender l’avenir. Malheureusement, on ne les écoute pas. Que l’on chasse tous les inutiles qui encombrent les bureaux des fédés et qu’on y installe tous ceux qui ont une vraie compétence et un vécu. Il est temps que l’Afrique se réveille et en finisse avec ces dirigeants qui monopolisent des postes pendant vingt, trente, voire quarante ans ! Sinon, l’histoire risque de se faire sans nous. Et moi, j’aimerais bien être encore sur cette terre pour assister à une nouvelle Coupe du monde sur le sol africain. Mais il ne suffit pas d’en rêver pour y arriver.»

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