Publicité

Il est unique dans son genre. Le centre de formation de gardiens de but créé en 2005 par l’ancien portier du Jaraaf, Khalifa Ababacar Fall dit Kana, est aujourd’hui le gros fournisseur des portiers au Sénégal.

Publicité

Le constat est frappant. Le football local sénégalais est fourni en bons gardiens de buts depuis quelque temps. Certains franchissent les frontières pour monnayer leur talent ailleurs. Le dernier en date, la signature, le 5 janvier dernier, de Boubacar Fall à l’As Saint Etienne qui place de grands espoirs sur la pépite dénichée dans le championnat local sénégalais. Le mythique club Français a même crié sa joie de signer «un grand espoir du football africain à son poste». Claude Puel, entraîneur de Saint Etienne, disait ceci de Boubacar Fall ; «il a un très gros potentiel et correspond bien à ce qu’on veut pour l’ASSE». L’entraîneur des Verts avait toutefois précisé que sa venue «ne va pas bousculer la hiérarchie des gardiens de l’ASSE», composée de Jessy Moulin, Stéfan Bajic et Étienne Green. «C’est un jeune joueur qui apportera ses qualités. Il va y avoir un temps d’adaptation», a expliqué Puel. Mais trois semaines après, le meilleur gardien du tournoi UFOA (Union des Fédérations Ouest-Africaines) U20, remporté par la sélection du Sénégal en 2019, s’est invité sur le banc des Verts lors de la défaite (0-5) face à Lyon, le 24 janvier, au Chaudron.

Boubacar Fall (ex Espoirs de Guédiawaye) est le deuxième gardien de but qui s’est illustré avec l’équipe nationale U20, avant de signer dans un club français, après Dialy Kobaly Ndiaye transféré du Cayor Foot au Stade Reims en juillet 2020. Les deux portiers n’ont pas que le passage d’un club amateur à l’élite du football Français en passant par l’équipe nationale U20 en commun. Ils sont sortis de la même fabrique de gardiens de but, le CFGB (Centre de formation de gardien de but) de Kana Fall.

Plus de 300 pensionnaires pour inonder le marché

Dialy Kobaly Ndiaye et Boubacar Fall sont les plus visibles, mais un grand contingent de gardiens de buts sortis du CFGB, créé en 2005 par l’ancien gardien du Jaraaf de Dakar Khalifa Ababacar Fall alias Kana, envahit actuellement les clubs de football sénégalais et d’ailleurs. «Franchement, si je veux vous faire la liste des gardiens que nous avons lancés à main levée, je risque de me tromper. Beaucoup de clubs viennent chercher des gardiens chez nous. Aujourd’hui, je peux dire, en toute modestie, que nous sommes le gros fournisseur de gardiens aux clubs sénégalais. Moussa Sarr (Teungueth Fc), Mouhamadou Dembélé (Casa Sport), Pape Niang (Renaissance de Dakar), Mouhamed Faye (Saloum), Cheikh Fall Babou (Oslo), Bécaye (Ngb)… ont été formés chez nous. Nous avons fourni des gardiens cadets, juniors ou seniors aux équipes de Suneor, de l’As Pikine, de Lusitana. Un de nos jeunes gardiens vient de rejoindre l’équipe nationale U17 qui se prépare à jouer le tournoi de l’Ufoa A à Thiès. Khadim Thioub (ex Jaraaf), Khadim Guèye (ex Darou Salam) ont été formés dans notre centre. Il y en a qui sont en Turquie, en Suisse», explique Kana Fall, formateur de la gardienne internationale Dieynaba Diop dit Naba qui a été à Valencienne en France. Ce que Kana a oublié de nous confier, ou ce qu’il a omis sciemment, c’est que Naba est son épouse. Kana Fall confie qu’aujourd’hui, son centre peut se targuer d’avoir formé plus de 300 pensionnaires, toutes catégories confondues. Mais comme le centre n’est pas affilié à cause de son caractère particulier (ne forme que des gardiens de buts), il envoie ses pensionnaires aux clubs sur la base d’un protocole.

«Au début, on me disait que je perds mon temps»

Quand Khalifa Ababacar Fall, ancien gardien du Jaraaf de la génération des Henry Camara, Pape Bouba Diop, Lamine Sarr… lançait son centre en 2005, il était peut-être le seul, avec ses quatre premiers élèves, à croire au projet. «Alors gardien du Jaraaf de Dakar, j’ai eu une fracture (tibia droit) le 31 décembre 2002. Je suis resté longtemps sans jouer. Entre-temps, Mamadou Bâ qui était devenu le gardien du Jaraaf et d’autres venaient me rendre visite, mais également prendre conseil auprès de moi. C’est ainsi que l’idée de mettre en place un centre pour partager mon expérience m’a traversé l’esprit. Mais c’est en 2005, j’étais gardien de but et entraîneur de l’équipe de Navétane, Hamo 456, qui a gagné les phases nationales du championnat populaire, que j’ai pris la décision de créer le centre. J’en ai parlé à quelques entraîneurs, ils n’étaient pas emballés. J’ai quand même foncé, j’avais l’intime conviction que ça pouvait marcher», confie Kana.

«J’ai commencé avec 4 gardiens à Keur Massar, sur un terrain vague, à côté de Mtoa. On a écrit sur un mur, «Centre de formation de gardiens de but», pour attirer l’attention. On n’avait que quelques ballons, quatre gardiens à qui j’apprenais des plongeons sur le sable et d’autres techniques. Certains disaient que je perdais mon temps, mais j’ai foncé. Après, on s’est confectionné des polos noirs sur lesquels on a floqué «centre de formation des gardiens de but». Par la suite, quand on a commencé à être connu, on a déménagé au stade Amadou Barry de Guédiawaye, on recevait de nouveaux inscrits tous les jours. Tout récemment, j’ai envoyé au Casa Sport un gardien de but, pour pallier l’absence de leur gardien qui a eu une fracture. Aujourd’hui, toutes les équipes qui ont un problème de gardien viennent vers moi. Ça fait plaisir et ça nous pousse à redoubler d’effort», poursuit le collaborateur de Youssoupha Dabo de Guediawaye Fc au Teungueth Fc, en passant par l’Equipe nationale des moins de 20 ans.

L’ancien portier du Jaraaf veut continuer à développer son centre avec ses propres infrastructures pour intégrer le régime «sport-étude». «Aujourd’hui, on est le premier centre fournisseur de gardiens, j’ai quatre préparateurs de gardiens à qui je paye un petit salaire, avec une moto pour le transport. On prépare les gardiens avec une nouvelle méthode. A l’époque, on ne misait que sur le développement des qualités techniques des gardiens. Aujourd’hui, on les prépare sur tous les plans : technique, tactique, mental… c’est ce qui fait que nos produits sont prêts à l’emploi.

La preuve, l’un de nos pensionnaires, Boubacar Fall qui a récemment signé à Saint Etienne, est déjà invité sur le banc de son club contre Lyon. Et pourtant, on a très souvent des problèmes de temps d’entraînement au stade Amadou Barry. On continue à grandir, donc il nous faut nos propres infrastructures», dit Kana, le gardien qui se targue d’avoir arrêté dans sa carrière 59 penalties. On comprend pourquoi Pape Seydou Ndiaye qu’on qualifie de spécialiste des penalties, part se perfectionner chez Kana.

Pape Seydou Ndiaye, gardien du Jaraaf : «C’est la bonne école»

“Kana, c’est comme un père pour moi. Il m’aide dans ma carrière depuis 5 ans. D’abord, il suivait mes prestations en club et à chaque fois qu’il a l’opportunité de me parler pour me donner des conseils, me rectifier, il le fait. C’est pourquoi depuis deux ans, je fréquente son centre pour me renforcer, même si mon emploi du temps ne me permet pas d’y aller tout le temps. J’y vais pendant les trêves pour travailler avec lui et j’ai vu les résultats. J’ai fait la préparation du tournoi UFOA dans son centre et tout le monde a vu mes performances. Ce qui m’a marqué chez Kana, c’est qu’il t’apprend à avoir confiance en toi, à croire en tes qualités. Il te pousse à bosser dur pour être présent dans les matchs. Il sait détecter tes points forts pour les améliorer et tes points faibles pour les corriger. C’est quelqu’un à qui je dois beaucoup et je ne cesse de lui rendre hommage. Les entraîneurs du centre et lui m’ont beaucoup aidé à redevenir le gardien que je suis aujourd’hui. Je profite de l’occasion pour dire aux pensionnaires de son centre de tenir bon, ils sont à la bonne école.»

2 Commentaires

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici