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Après l’élimination du Sénégal de la CAN-2017 par le Cameroun, Pape Diouf se dit plus que jamais optimiste pour des lendemains meilleurs de cette génération. L’ancien président de l’Olympique de Marseille estime que la sortie des Lions de la compétition en quarts de finale est plutôt due aux circonstances malheureuses qu’à des carences réelles. Pour cela, il exhorte les hommes d’Aliou Cissé à se qualifier surtout pour le prochain Mondial Russie 2018. l.’ex-patron du club phocéen est également revenu sur son soutien à François Ponthieu, candidat à la présidence de la Fédération française de football. 

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Quelle analyse faites-vous de l’élimination du Sénégal de la CAN-2017 ?

Je pense simplement que cette élimination, dure qu’elle soit, était plus ou moins inscrite dans une certaine histoire. L’histoire qui veuille qu’en Afrique, il y ait des pays notamment, le Cameroun, le Ghana ou l’Égypte qui ont dans leur ADN le sens de la qualification. Ils se sont toujours sortis du guêpier. Ils ont su à tout moment construire et bâtir des succès que leurs prestations n’annonçaient pas et parfois même ne justifiaient pas. Pour le Sénégal, je crois que cette sortie de route, malgré tout tient à des phénomènes qui relèvent un peu de la chance, de la réussite. Après un tournoi plutôt réussi, le Sénégal n’a perdu le moindre match. La série des tirs au but est véritablement de la loterie et cette sortie de route là était davantage due aux circonstances malheureuses qu’à des carences réelles.

 

«Dans un avenir proche, cette équipe passera les écueils»

Que doit-on retenir du parcours des Lions dans cette compétition ?

Un bon parcours. Puisque les Lions ont quand-même longtemps paru l’équipe la plus complète. L’équipe qui aura produit en tout cas un football assez impressionnant. Ça a été la première équipe qualifiée pour les quarts de finale, la première aussi à s’assurer la première place de son groupe. Donc, autant d’éléments qui plaident plutôt pour une bonne tenue d’ensemble des Lions. Je crois que, une fois qu’on a dit ça, on peut aussi reconnaître que cette fois-ci, il n’y a pas de problèmes extras sportifs qui sont venus empoisonner l’existence de la vie du groupe. Et puis, cette équipe a paru beaucoup plus équilibrée que par le passé. On a senti chez chaque joueur une véritable implication que, sans doute, l’entraîneur a su bâtir et imposer à tous. C’est une équipe qui a montré de réelles possibilités. Des possibilités intéressantes qui peuvent laisser penser que dans un avenir très proche, elle pourra peut-être mieux passer les écueils. Elle pourra mieux aborder le genre de compétition comme la CAN où l’élimination directe resterait une sorte de jeu à vau-l’eau. Moi je suis personnellement assez optimiste quant à l’avenir de cette équipe, puisque quand on tient compte des déclarations des uns et des autres, c’est plutôt dans ce sens là qu’il faut les entendre et les entériner. Je crois que oui, il y a quand-même des motifs d’espérer.
N’y a-t-il pas d’autosatisfaction des Sénégalais qui n’ont plus atteint les quarts de finale depuis 2006 ?

C’est vrai qu’avant la compétition, pour beaucoup, l’objectif premier était d’abord de sortir des poules. Ce qui a été fait. À partir delà, et devant la grande déception que nous a valu l’élimination face au Cameroun, les gens en reviennent à ce premier objectif et veulent, je dirais, trouver une forme de consolation. On peut comprendre. Même si comprendre n’est pas forcément approuver, n’est pas forcément souscrire, mais on peut tout à fait comprendre qu’il y ait un pas d’effectué, un pas de fait par rapport aux éditions précédentes. Maintenant, quand on regarde la physionomie de cette CAN, quand on voit le comportement d’ensemble de l’équipe du Sénégal, oui, se contenter d’avoir atteint simplement les quarts de finale paraît effectivement peu ambitieux. Mais ce n’est déjà pas rien. Je crois que ce qui plaide pour l’atteinte des objectifs avec cette qualification là, on peut le comprendre, mais on pouvait nettement faire beaucoup mieux que ça.

 

«Jouer contre la Tunisie, c’était forcément s’exposer»

Êtes-vous d’avis que cette équipe a offensivement péché aux regards des occasions qu’elle a manquées ?

Non, je n’ai pas ressenti ça comme tel. Moi je pense quand même que le Sénégal a joué en bloc. Et qu’en tout état de cause, on ne peut pas avoir l’impression que l’équipe a péché si elle n’avait pas à vrai dire déployé un jeu pas du tout acceptable. Il est vrai maintenant que, quand on a des adversaires importants comme le sont ceux qui ont participé à la CAN, il est évident qu’à certains moments on laisse découvrir certaines failles. C’est tout à fait légitime et logique. Et c’est vrai que, s’arrêter sur ça et dire que l’équipe n’était pas au top, je pense que c’est aller plus vite en besogne. Je reviens à ce fameux match contre la Tunisie qui a amené tout le monde à plus insister sur les occasions concédées que sur le résultat. J’ai trouvé ces propos là assez injustes pour l’équipe, puisque jouer contre la Tunisie, c’est forcément s’exposer. C’est donc forcément prendre des coups. L’équipe a pris des coups effectivement comme elle a dû en prendre contre l’Algérie. Le seul adversaire qui nous a plus ou moins épargné c’était le Zimbabwe. Mais, le Zimbabwe ne fait pas, non plus, partie des cadors du football africain. Il faut qu’on apprenne ici au Sénégal à admettre qu’un match n’est jamais complet à 100%. Je n’ai jamais vu une équipe, quelle que soit sa force, dominer une compétition ou dominer ses adversaires de manière intégrale ou absolue. Toute équipe conquérante à un moment donné dans la compétition, laisse un tout petit peu de plumes dans l’aventure. Et, c’est peut-être aussi ce qui peut rehausser une victoire finale. Je dirais alors, il y a eu des insuffisances. Certains ont déploré l’absence d’un Sow (Moussa) à la place de Mame Biram Diouf. De ce point de vue là, il faudrait bien faire le distinguo entre ce que je peux appeler une efficacité individuelle; c’est-à-dire qui concerne personnellement le joueur et ce qui relève du rendement collectif. Je pense, là aussi, que c’est une redite, mais je la commets: Nul n’était plus désireux qu’Aliou Cissé de gagner, d’aller le plus loin possible. S’il a insisté à mettre Diouf plutôt que Sow, c’est qu’il avait ses raisons. Étaient-ce de bonnes raisons ? Je ne sais pas. Je crois qu’il a tenu compte davantage d’un contexte global que d’un contexte particulier.
Le manque d’expérience d’Aliou Cissé n’a-t-il pas déteint sur le match contre le Cameroun ?

Ce qui est formidable dans le football, c’est qu’après un match, il est beaucoup plus facile d’étayer des critiques ou des arguments. Moi, je ne le pense absolument pas dans la mesure où, souvenez-vous, quand on prend l’expérience de ce qui se passe ailleurs, certains grands entraîneurs ont commencé sans jamais auparavant avoir exercé le métier. Je n’en citerai qu’un. Pour mémoire, ça c’est pour les plus anciens: lorsque Robert Herbain a pris les rênes techniques du club de l’AS Saint Etienne dans les années 1970 (Ndlr : entraîneur des Verts de 1972 à 1983) il venait juste d’arrêter sa carrière de footballeur. Donc, ce n’est pas à mon sens parce qu’on a un peu moins d’expérience à la tête d’un club que les résultats de l’équipe s’en ressentent. Non, je crois que clans ce match-là, le Sénégal a simplement dominé très nettement de la tête et des épaules son adversaire. Le Sénégal a eu des occasions, si ses joueurs les avaient concrétisées, on n’en viendrait pas à cette épreuve fatidique des tirs au but. Et le Sénégal se serait qualifié et personne n’aurait, à mon sens, évoqué le manque d’expérience d’Aliou Cissé. Maintenant, il est vrai que, en l’occurrence, on a pensé que l’entraîneur du Cameroun en avait plus parce qu’il a su, pense-t-on, configurer son équipe de manière qu’elle n’ait pu prendre de but, qu’elle ait pu arriver aux tirs au but et se qualifier. Mais, je pense très honnêtement que là aussi ça relève plus de la spéculation que de l’observation fine ou objective. N’oublions pas que souvent on pense qu’une équipe qui dèfend veut préserver ses buts. Moi, je pense que, quand le ballon est dans mon camp, les risques sont plus grands. Lorsque mon équipe attaque, elle ne prend pas des risques mais elle prend des initiatives. Et dans ce match-là, c’est le Sénégal qui a pris les initiatives. Avec un peu de réussite, tout le plan bâti par le technicien camerounais, si jamais il y avait un plan, se serait écroulé.

 

«Une qualification au Mondial est largement dans les cordes de l’équipe»

L’objectif du Sénégal aux prochaines échéances ?

La première des préoccupations des Lions et de leur entraîneur, c’est d’abord d’assurer autant que faire se peut les prochains matchs qui relèvent de la qualification à la Coupe du monde 2018 et à la CAN-2019. Avec ce qui s’est passé au Gabon, il y a quand-même de quoi s’enliser un peu et d’attendre avec impatience la suite. On sait que, depuis qu’Aliou Cissé est arrivé, il a quasiment gagné tous ses matchs officiels à l’exception de quelques uns. Une Coupe du monde reste aussi pour des joueurs et pour des pays ce qu’il y a sans doute de plus grandiose dans le football. Notre finale de Coupe d’Afrique des Nations de 2002 au Mali, on en parle moins que la participation du Sénégal à la Coupe du monde 2002. Cette Coupe du monde-là reste peut-être ce que nous avons réussi de plus grandiose, de plus impressionnant. Essayons d’abord d’assurer une qualification à la prochaine Coupe du monde. Ce qui est tout à fait dans les cordes de l’équipe. Les joueurs se sont sentis tous concernés mais frustrés aussi à la sortie du match contre le Cameroun. Ils sont tous assoiffés en tout cas, non pas de revanche, mais de poursuivre l’aventure qu’ils ont déjà commencée. Je crois que oui, la première des choses c’est d’abord d’assurer la qualification à la Coupe du monde en sachant que pour les prochaines CAN, il y a largement de quoi se qualifier.

 

«Le Graët a toujours fait de la présidence de la FFF un exercice solitaire du pouvoir»

Vous êtes l’un des soutiens de taille de François Ponthieu à la présidence de la Fédération française de football (FFF), mais au final vous vous êtes désisté…

En vérité, je ne me retire pas. J’ai simplement souhaité ne plus figurer sur la liste. Puisqu’on sait qu’il y a une liste que chaque candidat doit présenter. D’ailleurs, je viens juste d’en discuter très longuement avec René Ruello le président du Stade Rennais qui lui-même n’avait pas compris cette décision. Si j’en suis arrivé là, c’est pour préserver toujours cette liberté d’expression qui reste la mienne. Il n’en reste pas moins que François Ponthieu est un homme d’une très grande qualité. Il a été pendant dix années le président de la DNCG (Direction nationale de contrôle de gestion). Je l’ai connu là lorsque, à l’époque, je présentais les comptes de l’Olympique de Marseille. C’est un homme pour lequel j’ai beaucoup d’estime, de considération, voire d’amitié. Et, tout en me retirant de la liste qu’il a mise sur pied, j’ai quand-même décidé très activement de participer à sa démarche. D’essayer d’aider auprès de certains. C’est d’ailleurs l’objet du coup de fil que j’ai fait à René Ruello. Les choses ne seront pas simples. Mais, j’ai envie un peu de cette liberté que ne m’eût peut-être pas donnée une appartenance à la liste, mais qui ne diminue en rien l’investissement personnel que j’ai envie quand-même de faire pour aider Ponthieu à conquérir un fauteuil qu’il mérite largement. Puisque moi, je suis de ceux qui pensent que Le Graët a toujours fait de la présidence de la Fédération un exercice solitaire du pouvoir. Et cet exercice solitaire du pouvoir n’est pas ce qui convient le mieux au football français. Il faudrait peut être un plus grand partage des responsabilités. Une manière de ne plus exercer ce pouvoir monolithique.
Les arrivées de Parice Evra et de Dimitri Payet ne prouvent-elles pas qu’il y a une bonne politique sportive de l’actuelle équipe dirigeante de l’Olympique de Marseille dont vous étiez le patron de 2004 à 2009 ?

Je dirais plutôt que je suis redevenu depuis maintenant plusieurs années un supporter de base. À ce titre, j’observe comme la plupart des partisans de l’Olympique de Marseille. J’observe ce qui se passe. J’écoute ce qui se dit et je forme le vœu et je souhaite que les choses aillent de mieux en mieux. On sait que l’Olympique de Marseille a vécu des cycles, certains brillants d’autres moins. Là, c’est la période la moins rose depuis quelques années, ce qui est dû à mon avis à l’inertie et à la gabegie de l’ancienne direction incarnée par Vincent Labrune. Aujourd’hui, il y a une nouvelle direction qui tente vaille que vaille de remettre le club sur les rails au plan sportif. J’observe. Je regarde. Maintenant, je ne peux pas avancer d’argument parce que je préfère attendre et voir. C’est vrai que la venue de Payet suscite un engouement même si pour ma part, je me méfie toujours des retours parce que souvent, ils ne confirment pas ce qu’on attendait. Payet a quand même beaucoup de qualités. Le recrutement d’un garçon comme Patrice Evra peut être compris. C’est un homme de vestiaire. On a vu que, quand il n’a pas été sélectionné en équipe de France, tous ses coéquipiers louent l’action qu’il a toujours menée au sein du groupe. Donc, a l’Olympique de Marseille, je pense qu’il apportera sa grinta, sa connaissance de la compétition, mais aussi cette expérience qui fait défaut. Je pense, a priori, que ça peut être une bonne chose. Maintenant, pour le reste, c’est sûr qu’il faudra à l’Olympique de Marseille, autant que faire se peut, finir sur le podium. Ce qui sera très compliqué. Mais c’est plus le prochain mercato d’été qu’on attend véritablement pour en savoir plus sur l’intention de la nouvelle direction et du nouveau propriétaire.

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