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Nous sommes aujourd’hui à l’aube des éliminatoires de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations 2021 qui devrait se jouer au Cameroun. La finale malheureuse de Caire 2019 est maintenant passée et le prochain objectif de l’équipe nationale pour cette énième campagne est déjà connu de tous : le trophée. Il n’y a d’ailleurs ni honte, ni orgueil à l’avouer, et il serait d’ailleurs mieux qu’on le dise clairement le plus tôt possible. Car sauf cataclysme, la sélection du Sénégal d’aujourd’hui, avec le sérieux, la rigueur et la discipline instaurée par Aliou Cissé et le staff technique depuis 2015, devrait se qualifier en tête de cegroupe composé du Congo, de l’Eswatini et de la Guinée-Bissau. Donc l’objectif réel de l’équipe dans cette campagne devrait et sera surtout de se qualifier avec la manière en démontrant un progrès dans le seul et unique secteur dans lequel l’équipe a encore nettement de la marge de progression : l’animation offensive et la création d’occasions.

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L’anomalie Sénégal.

 

1 Sept. 2017 : Maroc 6-0 Mali

5 Sept. 2017 : Congo 1-5 Ghana

12 Oct. 2018 : Cote d’Ivoire 4-0 RCA

13 Oct. 2018 : Nigeria 4-0 Lybie

18 Nov. 2018 : Togo 1-4 Algérie

30 Juin 2019 : Zimbabwe 04 RDC

 

Sous l’ère Aliou Cissé, l’équipe du Sénégal n’a pas encoreréussi à inscrire quatre buts dans un match. Les plus grosses victoires ont été de trois buts d’écart face à Madagascar en 2015, la Guinée Equatoriale en 2017, le Soudan en 2018 et le Kenya en 2019 (pas des foudres de guerre). Il ne s’agit pas ici de chercher la petite bête car le plus important est de gagner les matchs, mais ces chiffres montrent simplement qu’avec le potentiel offensif des Lions, l’équipe ne se crée pas suffisamment d’occasions de buts, dû à un manque de fluidité offensif. Si ce n’était pas un problème, l’équipe serait parvenue, ne serait-ce qu’une seule fois, à marquer plus de trois buts dans un match sur une période de 5 ans. Première nation africaine au classement FIFA et finaliste de la dernièreCAN, les Lions sont clairement une anomalie sur le continent dans ce secteur du jeu et doivent faire mieux. D’ailleurs, il est fort possible que ces lacunes aient coûté cher aux Lions notamment face au Cameroun en 2017, lors des deux matchs face à l’Algérie et aurait très sérieusement pu coûter cher face à la Tunisie en demi-finale, si ce n’était le but contre-son-camp tunisien. Sans remédier à ce déficit, le Sénégal aura du mal à inscrire des buts face aux équipes d’un certain calibre.Et même si l’humilité oblige de dire qu’il n’y a plus de petites équipes en Afrique, force est de constater qu’il y en a, sinon les grands clubs, notamment européens, auraient un certain nombre de joueurs venant de tous les pays africains. C’estdonc face à ce genre d’équipe que le Sénégal, onzième effectif le plus cher au monde, doit chercher à s’imposer clairement, nettement et avec la manière.

 

 

 

« Aujourd’hui est l’élève de hier »

 

  Le « football champagne » comme on aime l’appeler, les supporters des Lions y ont déjà eu droit avec la génération2002. Le pays allait vers la CAN 2002, puis ensuite la Coupe du Monde 2002 avec confiance et enthousiasme car l’équipe avait démontré bien sûr du mental et de la hargne mais surtout de la fluidité offensive. D’où des victoires 3-0 face à l’Algérieet à l’Egypte à Dakar ou encore 4-0 et 5-1 face à la Namibie, pour ne citer que celles-ci. Sans s’attarder sur le passé, mêmes’il n’y a pas de science exacte dans le football, force est de constater qu’il y avait des réalités dans cette équipe dont on a tendance à se plaindre dans celle d’aujourd’hui. Il n’y avait qu’un seul latéral « porté vers l’offensive » en la personne de Ferdinand Coly, Daf étant plus focaliser sur l’aspect défensif. Le « meneur de jeu de l’équipe » n’était pas positionné dans l’axe du milieu de terrain, Fadiga ayant été excentré à gauche. Et plus intéressant encore, il n’y avait pas de véritableattaquant de pointe, numéro 9 traditionnel (du moins, dans le onze de départ), Diouf et Henri Camara étant beaucoup plus des ailiers ou encore des faux-9 dans leur façon de jouer. Mais ceci n’a pas empêché à l’équipe de se créer multiplesoccasions et de gagner avec la manière.

  Lorsque la France gagnait la Coupe du Monde en 1998, Zinedine Zidane était le meneur de jeu. Mais son poste n’étaitpas milieu offensif central mais milieu offensif droit avec Youri Djorkaeff placé en milieu offensif gauche. Ce partage de postes permettait de dissimuler Zidane afin qu’il se révèle comme étant le meneur de jeu dans le jeu plutôt que d’assumer le rôle de façon trop manifeste. La France gagnait la Coupe du Monde certes, mais Zidane n’avait même pas étél’auteur d’un grand tournoi, mais que d’une grande finale. Cependant, en 2006 Zidane s’est développé et avait à ce moment-là l’envergure et le niveau de jeu pour assumer pleinement le rôle de façon manifeste en jouant milieu offensif central dans un 4-2-3-1 et a pu être l’auteur d’un tournoi magistral au point de finir meilleur joueur, malgré la défaite finale.

  On a tendance à utiliser les termes milieu offensif central et meneur de jeu ou encore milieu relayeur et box-to-box de manière interchangeable. Mais milieu offensif central et milieu relayeur sont des postes. Meneur de jeu et box-to-box sont des états d’esprits. Dans l’équipe du Sénégal actuelle, il y a un joueur clé, Krépin Diatta (pour ne pas le citer) qui a démontré des qualités évidentes d’un joueur capable ou sur le chemin de devenir un meneur de jeu car sur le terrain on constate qu’il a l’état d’esprit. Pour le moment peut-être faudrait-il l’excentrer à droite comme en club, pour justement faire de lui un « faux 10 » comme Fadiga l’a était, afin qu’il se distingue dans le jeu comme étant le meneur plutôt que de le mettre directement dans le cœur du jeu et de le révéler non seulement à l’adversaire mais au joueur lui-même. Il n’a pas encore l’envergure et le niveau pour assumer pleinement ce rôle et sera meilleur dans le futur s’il est moulé petit à petit dans le poste.

 

 

Vers un retour du 4-4-2 ?

 

Sous l’ère Aliou Cissé, s’il y a une chose dont on peut être sûre, c’est que les joueurs mouilleront le maillot. Donc ceci mis à part, l’équation maintenant est de trouver comment améliorer l’animation offensive. Le 4-3-3 a pendant longtemps été le dispositif de base d’Aliou Cissé, mais danscette formation, le staff a tendance à aligner deux ailiers purs sur les ailes (Mané, Sarr ou Keita Baldé) et un 9 pivot en pointe (Sow et Diouf de 2015 à 2018 avant l’arrivée de Niang). (Les problèmes de ce dispositif ont été explicité dans le dernier article : Brésil-Sénégal : les enseignements). La capacité que Mbaye Niang a à jouer comme un faux-9 et de décrocher a apporté une certaine fluidité dans la création d’occasion depuis 2018. En s’inspirant de Sénégal 2002, d’Arsenal 2004 ou encore de Manchester United sous Ferguson lors de leur saison mémorable en 2008, les duos d’attaques étaient les suivant : Diouf-Camara ; Henry-Bergkamp ; Rooney-Tevez. Tous des attaquants virevoltant àvocation d’ailier capable de décrocher et d’alterner avec leurcompère le rôle de faux-9 (À noter pour les sceptiques que Bergkamp a effectivement été formé comme milieu excentré avant de jouer en attaque). Un retour du 4-4-2 (en place tactiquement en phase défensive avec la discipline et l’engagement qu’on connaît des équipes d’Aliou Cissé), avec Krépin à droite et un duo d’attaque Mané-Niang serait-il à envisager ?

 

Abdoulaye SARR

asarr97@gmail.com

@abdoulayesarr

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