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Equipe Nationale du Sénégal

Abdoulaye Ndiaye, l’entraîneur de Niarri Tally, n’a pas sa langue dans sa poche. Quand il s’agit d’évoquer la situation actuelle du football sénégalais, le récent vainqueur de la coupe de la Ligue ne mâche pas ses mots pour envoyer dans les cordes Louis Lamotte, Cheikh Seck et Moussa Diaw Dieng, coupables selon lui d’avoir abandonné le navire lorsque celui-ci avait le plus besoin d’eux.

Pour Ndiaye, s’ils ont attendu qu’il y ait des problèmes pour prendre la tangente, c’est parce que Lamotte et Cie sont des brebis galeuses. Par conséquent, dit-il, ils ne méritent plus d’occuper des postes de responsabilité au sein de leurs clubs encore moins dans l’équipe nationale. Concernant le choix de l’entraîneur national, Abdoulaye Ndiaye qui a recalé les entraîneurs locaux pense qu’ils sont incapables de gérer la Tanière. A l’en croire, ils n’ont pas assez de personnalité, ni assez de cran et de courage pour mener à bon port l’équipe nationale.

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Comment analysez-vous la situation qui prévaut actuellement dans le football Sénégalais?

La fédération sénégalaise de football est vraiment dans des eaux très troubles. Le navire est en train de chavirer, mais le président Augustin Senghor va redresser la barre. Qu’on le veuille ou non, Me Senghor a le profil pour avoir milité très tôt dans le sport. Aussi, il est entouré d’hommes compétents et il a fait ses preuves en club avant d’atterrir à la fédération, à l’issue d’une assemblée générale démocratique. Il a été très bien élu, tout comme ses pairs. Il ne mérite pas tout ce qui lui arrive aujourd’hui. C’est vrai qu’il a une position assez délicate pour s’être brouillé avec Badara Mamaya Sène, un ex-confrère de la fédération, dans d’autres instances. Ce qui est un problème. Ils peuvent avoir des divergences à ce niveau, mais la fibre patriotique doit leur permettre de taire leurs querelles pour bien s’occuper du football national. Tout le monde sait que les arbitres peuvent faire des blocages à n’importe quel moment dans ce sport. C’est un corps extrêmement uni et qui est très fidèle à son président. Aujourd’hui, en menaçant de suspendre leur activité, cela risque d’instaurer une situation très difficile. Pour moi, la démission de Mamaya dans le bureau fédéral ne justifie en rien la décision des arbitres de se séparer du football parce que ce sont des professionnels. L’échec de la fédération dans le match face aux Ivoiriens est partagé. Dans des manifestations pareilles, l’Etat fait tout pour être au-devant de la scène alors qu’ils ont délégué leur pouvoir à la fédération. En France ou partout ailleurs en Europe, on ne sent pas l’Etat dans de telles manifestations. En Afrique, les autorités veulent se mettre toujours devant pour tenter de récupérer le gain en cas de victoire. Ce qui a poussé Malick Gackou, le ministre des Sports, à prendre des initiatives de trop. Il a été trop médiatisé pour le match contre la Côte d’Ivoire. Pour l’inauguration des projecteurs du stade, la distribution des billets au niveau du 12e Gaindé, il a fallu qu’il soit toujours devant. Il ne devait pas non plus tenir certaines déclarations, car le sport ne se limite pas qu’au football. Il y a d’autres disciplines qui sont là. Il n’était pas un ministre du football, mais des Sports.

Donc Malick Gackou a échoué ?

Il a échoué. Ce n’est pas pour rien qu’il a reçu un jet de pierre. S’il n’était mêlé ni de prés ni de loin, les gens n’auraient jamais pensé à le prendre comme cible. L’Etat doit avoir une politique sportive pour le développement du football (amateur et d’élite). Il a le rôle aussi d’accompagner le processus du professionnalisme du football, comme en Côte d’Ivoire ou en Rd Congo. Mais l’Etat ne l’a pas fait. Les autorités ne mettent pas de moyens dans le sport. A travers une manifestation sportive, on peut destituer un Président. J’ai du mal à comprendre que l’Etat du Sénégal ne puisse pas payer 13 millions à un entraîneur. Tous les pays africains qui nous entourent le font, que ça soit pour un entraîneur local ou expatrié. Il faut que cela cesse! Ce n’est pas parce que l’Etat n’a pas les moyens qu’il doit aller chercher quelqu’un d’incompétent pour le mettre sur le banc d’une équipe nationale, au détriment de ceux qui ont le profil pour bien coacher l’équipe. Ceci a fait que les résultats n’ont pas suivi. Et ils étaient obligés de manipuler le gars qui était là-bas. Cela n’a pas marché.

Vous faites allusion à Joseph Koto ?

Je pense que l’Etat, par le biais de la fédération, devait prendre des compétences réelles. Il est impensable de prendre un entraîneur local qui à on paie 6 millions alors qu’un entraîneur de renom aurait pu coûter 13 millions. Non. Un entraîneur ne doit pas coûter six, mais 13 millions. L’art et le talent n’ont pas de prix. Ce n’est pas pour rien que les lutteurs, les boxeurs… coûtent plus cher que les universitaires.

Les entraîneurs locaux sont prêts à tout accepter pour diriger l’équipe nationale. Ne croyez-vous pas qu’ils ont une part de responsabilité dans cette situation?

Bien sûr ! Au Sénégal, les gens font tout pour que les entraîneurs n’émergent pas. Alors que l’entraîneur est le patron de l’équipe car c’est lui qui concocte le programme, le jeu et tout. Il faut que les gens le conçoivent comme tel. Les dirigeants doivent arrêter de croire que ce sont eux qui font les équipes. Si c’est ça, ils n’ont qu’à prendre les clubs et les entraîner. S’ils ne le peuvent pas, c’est parce qu’ils n’ont pas les compétences. Qu’ils nous laissent travailler en toute tranquillité. Les entraîneurs doivent s’assumer, quitte même à démissionner. L’offre est supérieure à la demande, c’est vrai, mais cela ne doit pas nous pousser à accepter n’importe quoi. C’est le grand drame du football sénégalais. Quand le football n’est pas dirigé par les experts, on risque d’aller tout droit vers le mur.

Etes-vous pour un entraîneur local ou expatrier pour la succession de Joseph Koto ?

Les locaux n’ont pas la capacité de gérer l’équipe nationale A, pour la simple raison qu’ils n’ont pas assez de personnalité, ni assez de cran et de courage. Ce ne sont pas de bons leaders. Je donne l’exemple du dernier match Jaraaf-Zig Inter, où un membre de la fédération est descendu de la tribune officielle pour venir devant les grilles donner des consignes devant tout le monde, avant de s’en prendre à l’entraîneur qui est l’un des meilleurs au Sénégal, en l’occurrence Alassane Dia. Et cela, sans que personne ne pipe mot. Si maintenant, on donne cette équipe nationale à un local, il ne fera rien. Des entraîneurs comme Sven Goran Eriksson, Jacques Santini et Cie

(candidats à la succession de Koto) sont des gens très organisés sur le plan de la méthode et du travail. S’ils prenaient l’équipe nationale, ce serait une bonne chose pour nous. Ils vont mettre en place des structures pour faire progresser le football national. Ils sont les bienvenus.

Au-delà de la crise qui secoue le foot, comment voyez-vous l’avenir de la sélection nationale?

La seule chose qui compte pour les Lions, c’est la fibre patriotique. Demain, s’ils sont convoqués, s’ils sont des patriotes ils vont répondre sans problème. Que les supporters manifestent leur colère c’est tout à fait acceptable, mais qu’ils débordent, ce n’est pas normal. L’avenir du football est devant nous et ça dépend de ce que les gens vont en faire. Aujourd’hui, le mouvement associatif doit se lever contre ceux (Louis Lamotte, Cheikh Seck et Moussa Diaw Dieng) qui étaient là, qui ont participé aux prises de décisions et qui ont attendu qu’il y ait des problèmes pour prendre la tangente. Ce sont des brebis galeuses. Ils auraient dû alerter l’opinion s’il y avait vraiment problème, mais ils ne l’ont jamais fait. Ils auraient dû rester à l’intérieur pour combattre afin que le football aille de l’avant. S’ils se désistent, c’est parce qu’on les a manipulés ou on leur a demandé d’abandonner la barque. Ces gens ne méritent plus de prendre des postes de responsabilité au sein de leurs clubs, et encore moins en équipe nationale. La fédération est là pour un temps bien déterminé. Il ne reste que 8 mois pour l’expiration de son mandat. Les gens doivent rester soudés pour recoller les morceaux afin d’aller vers l’Assemblée générale qui décidera s’ils seront reconduits ou pas. En dépit du match contre la Côte d’Ivoire, je pense que la fédération a fait du bon travail. On a qualifié nos olympiques, nos joueuses à la Can etc.. Il est grand temps que les gens se retrouvent autour d’une table pour repartir sur de nouvelles bases.

 

Source : L’AS

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